Souffle Mots

Luciole (2°partie).

11th décembre 2008

Luciole (2°partie).

posted in Récits |

Salut !

Ce week end je pars à Paris visiter l’Unesco, ce serait enfin de vrais jours de repos…mais j’ai peur des grèves qui pourraient tout compromettre.

J’ai décidé de vous poster "Luciole" toutes les semaines environ parce que je sinon j’en ai pour quatre mois !

Mais ne vous inquiétez pas, j’alternerai avec d’autres textes au cas où ça ne vous plaise pas.

Je vais maintenant laisser la parole à Erwan :)

Bye et bonne lecture.

1- Première partie          6- Sixième partie

2- Deuxième partie         7- Septième partie

3- Troisième partie         8- Huitième partie

4- Quatrième partie        9- Neuvième partie

5- Cinquième partie

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Luciole.

 

    La porte s’ouvre et je pénètre dans la pièce. Mes yeux s’habituent lentement à l’obscurité tandis que j’observe chaque recoin et chaque objet. Je n’ai jamais pénétré dans la chambre de Lucie et ça me fait bizarre de la voir dormir. Normalement quand j’ai besoin d’elle, je toque et elle sort. Mais là je ne sais ce qui m’a pris je suis entré.

Posté devant son lit je la fixe. Sa respiration est calme et elle est roulée dans sa couette. Ainsi allongée elle a l’air encore plus petite que d’habitude et j’ai envie de la prendre dans mes bras.

Je fais le vide dans ma tête, ce n’est pas pour ça que je suis venu.

« Luciole…c’est Erwan. »

Elle ouvre doucement les paupières et se tourne vers moi toujours à moitié endormie.

« S’il te plaît tu peux venir j’ai un problème. »

Au son de ce dernier mot elle se lève brutalement et s’assied au bord du lit.

« Erwan, c’est toi?

 -  Oui Lucie. Je suis désolé de… » Elle ne me laisse pas le temps de terminer ma phrase et poursuit sans attendre.

« Qu’y-a-t-il ? Le feu s’est éteint ? »

Je n’aime pas la voir s’inquiéter ainsi mais je suis incapable de lui mentir : « Non. Pire. »

Soudain elle m’agrippe le bras:

« Tu vas bien au moins ? »

J’ai mal au ventre et je tombe de fatigue. Pourtant je lui souris et tout en l’emmenant hors de la pièce je lui explique : « Ce n’est pas de moi dont il est question. »


     Ma chambre est assez sombre : un lit, une commode pour ranger mes vêtements et une petite bibliothèque où sont disposés des livres relatant de la mer, des récits de voyage que j’affectionne particulièrement et quelques objets maritimes auxquels je fais toujours très attention.

Cette nuit il y a deux chaises en plus : celle sur laquelle je suis assis et celle sur laquelle Lucie est assise. L’enfant est dans mon lit et il dort désormais paisiblement.

Sa température a baissée mais j’ai laissé un gant mouillé sur son front après avoir désinfecté et pansé ses plaies.

« Pauvre petit… » murmure Lucie tout en caressant affectueusement les cheveux de l’enfant.

« Tu sais comment il s’appelle ? » Ne sachant pas je me tais. Depuis que je l’ai trouvé même éveillé il n’a pas dit un mot. Je me tourne vers Lucie :

« Est-ce que tu pourrais l’emmener chez le docteur pendant que je garde le phare ? Ce n’est probablement que de la fatigue mais ça m’inquiète. Il a tout de même trente-neuf de fièvre et plusieurs hématomes. Et puis ce n’est pas normal de le trouver ici au milieu de la nuit. Ca me rassurerait si… »

Elle me prend la main. Je me mets à trembler. C’est la fatigue qui me fait cet effet ? La peur ? Ou l’émotion ? Peut -être les trois à la fois.

« Va dormir. » Je la regarde étonné. « Ce n’est pas à trois heures du matin que je vais descendre au village, le cabinet sera fermé. De plus l’enfant dort et pour l’instant il va bien. Ne t’inquiète pas je m’occupe de lui. »

Et bien sur, je ne peux pas lui dire « non ».


     Le lendemain quand je réveille je suis assis dans le fauteuil du salon, éclairé seulement par la faible lumière du jour qui perce à travers la fenêtre.

Le temps de me remémorer ce qui s’est passé durant la nuit et je suis debout.

Tout à coup j’ai honte d’avoir laissé Lucie veiller toute seule sur le gamin, cela aurait dû être l’inverse.

Je sors de la pièce et pénètre silencieusement dans la chambre. La porte grince. Je serre les dents et me glisse dans l’entrebâillement.

Lucie dort, le menton appuyé sur ses genoux recroquevillés. J’ôte mon blouson et le lui pose sur les épaules. Je me tourne ensuite vers le lit. Vide.

Mon coeur fait un bond dans ma poitrine tandis que je fais volte-face, effrayé que l’enfant puisse s’être enfuis. Je ferme les yeux, soulagée : il est assis au bord de la fenêtre.

« Tu m’as fait une de ces frayeur. » lui dis-je. Il se tourne vers moi et me désigne la mer.

« Tu veux aller la voir ? » Il me sourit.

« Viens j’ai encore mieux. » Je le prends alors par la main et on sort sur la pointe des pieds.


     « Tu t’appelles comment ? » Il ne répond pas : il observe l’océan. Nous sommes au sommet du phare et il est assis sur mon épaule.

Je lui ai donné un aspirine et je l’ai douché, mais quand j’ai voulu lui trouver un vêtement à sa taille il était trop impatient de monter et je lui ai alors enfilé une vieille chemise à moi qui lui arrive aux genoux.

Je le dépose délicatement par terre.

« Désolé je dois travailler. Mais si tu veux m’observer tu peux. »

Il s’assied dans un angle et ses petits yeux innocents me fixent tandis que je commence ma vérification journalière.

Je contrôle d’abord le feu, puis j’analyse l’optique. On ne dirait pas mais cela prend du temps. C’est un travail minutieux qu’il ne faut pas considérer à la légère car si un élément du système défailli on a de gros problèmes.

Ensuite je surveille l’horizon et la visibilité en m’assurant que les autres phares et balises fonctionnent correctement.

Le petit ne me lâche pas du regard, probablement plongé dans l’âme d’Etoile comme je le suis si souvent. Il est calme et ne pose même pas de questions, c’est rare pour un enfant.

« Comment es-tu arrivé ici ? » Aucune réponse. Je me tourne face à lui.

« Tu sais parler ? » Il cligne des yeux. Je prends cela pour un « oui ».

« Alors pourquoi restes-tu muet ? » Il a le regard vide. J’ignore s’il a entendu ma question. Je m’approche de lui, inquiet, et le soulève pour le prendre contre moi. « Ne t’inquiète pas, ce n’est pas grave. On va t’emmener au village et tu iras mieux. »

Il croise les bras autour de mon cou.

« Tu habites là-bas n’est-ce pas ? » Il acquiesse. « Tes parents vont être contents de te revoir ils ont dû se faire un sang d’encre. »

Tandis que je me dirige vers la porte la poignée de cette dernière se baisse et la tête de Lucie apparaît : « Le petit déjeuner est prêt ! »

Je lui souris. L’enfant aussi.

 

This entry was posted on Jeudi, décembre 11th, 2008 at 20 h 53 min and is filed under Récits. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.

There are currently 2 responses to “Luciole (2°partie).”

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  1. 1 On décembre 11th, 2008, Julien said:

    Vivement la suite, rien de plus à ajouter, j’aime beaucoup la douceur du texte =)
    Bon WE à Paris, j’espère qu’il fera pas trop moche (c’est pas gagné^^)

    Bye bye

  2. 2 On décembre 13th, 2008, dédé said:

    Bonjour Talisman,

    Le texte est délicieusement écrit.
    L’histoire transporte toute la sensibilité de la narratrice, où les personnages sont très généreux et humains. La description des situations est magnifique.
    Le récit reste d’une grande fraîcheur et ne laisse pas le lecteur indifférent. Au contraire, il lui ouvre l’appétit, pour en savoir plus.
    Bravo et merci, pour ces moments très agréables de lecture.
    Bon week end.
    Bye.
    dédé.

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