Journal de bord (3/3)

Salut !

Voici le dernier volet de notre journal de bord commun. Si certains souhaitent avoir plus de renseignement sur notre aventure…n’hésitez pas à demander !

Bye et bonne lecture.

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Journal de bord (3/3)

Samedi 14 Août :

Réveil matinal à 6h30 pour aller visiter le site historique de Keherten Island. Ce lieu particulier où l’on trouvait des os de baleines inspirait le respect et le silence. Il y avait des vestiges de marmites, de bâtiments…l’ambiance était presque morose…
D’un lieu désert nous sommes ensuite passé à une ville pleine de vie : Pangnirtung.

Cela me sembla au premier coup d’œil un peu moins pauvre que Cape Dorset mais en arrivant nous sommes entrés dans une maison du village et l’étonnement devait se lire dans mes yeux car la battisse avait la forme et la taille d’une serre, couverte d’une toile bleue. Il faisait très chaud à l’intérieur mais au moins en hiver l’isolation était correcte. Tous les murs et le toit était recouvert de papier journaux pour isoler et pour chauffer il y avait une petite chaudière et une sorte de théière suspendue à un crochet.
Cependant, on nous a de nouveau accueilli en grande pompe : buffet, jeux, discours…nous n’étions plus des étrangers mais des invités. Billy, un inuit, nous a ensuite parlé un peu de lui : avant son matricule était E-6777.
Quand est-ce que les Hommes comprendront que différence ne signifie pas faiblesse ? Les hommes se sont crus supérieurs aux femmes ; les européens se sont offert le droit de décider du gouvernement des colons, de leur vie…et le monde voulant s’approprier l’Arctique les Inuits sont réduits à de simples chiffres…
Peu après, Norm a dit «There is more to learn.» car la connaissance ne se résume pas à des notions scientifiques mais aussi à celles du coeur.

Dimanche 15 Août :

«Hike» caractériserait bien ce jour, de la marche et des paysages. Nous étions simplement dans un rêve, nous sourions du début à la fin. La mer au milieu, de chaque côté les falaises incurvées, les rainures où nous pouvions distinguer la glace, les cascades, les rivières, le soleil se réverbérant sur les pierres blanches, la marée…
Pour une fois, ce n’était pas l’Homme qui restreignait la nature mais bien cette dernière qui nous faisait obstacle. On sautait, on lançait nos sacs dans l’espoir de ne pas finir mouillés… Cependant chacun se soutenait et s’entraidait, suivait le chemin que l’autre avait tracé…
Et on a vu une cascade ! Pas de loin, de près ! J’ai touché son eau…Quel joie, quel bonheur ! Lors d’une pause, nous nous sommes imprégnés de la nature, du silence, de la beauté. C’était unique.
Dans l’après midi il y eut un Workshop sur les glacier animé par Eric. On a beaucoup appris sur la formation des vallées en U et les processus d’érosions à leur origine.
Ce soir là, une terrible réalité s’abat sur nous : il ne reste plus que quatre jours. Comment cela a-t-il pu passer aussi vite ? Nous voudrions rester encore des mois avec cette seconde famille…

Lundi 16 Août :

«Bowheads ! A 10h, straight in front, là !» Des baleines boréales, environ 10 devant nous !
Au début c’était des jets d’eau, une sorte de fumée blanche au loin, un peu éparses mais qui suivaient pourtant un chemin…et soudain du noir, un dos, une tête j’imagine…et la queue qui retombe dans l’eau peu après ! Instant magique !
«Welcome to the Paradise» annonce Geoff alors que nous arrivons en zodiac dans un petit fjord. Nous baptiserons alors cet endroit «Paradise Island» bien que ce ne fut pas une île.
Des plages de sable fin, une eau limpide, le bruit simple et apaisant de la rivière, des étendues vertes, des falaises nous entourant et nous protégeant de la chaleur, une petite crique spécialement conçue pour notre zodiaque, le silence ou presque…les amis !
Après une courte marche le long d’un torrent un barbecue nous attendait sur la plage et nous avions besoin de beaucoup de force, d’énergie et de courage pour ensuite rejoindre «The Arctic swimming Team» !

Nous sommes très fières de faire parties des «survivors», ceux qui sont restés le plus longtemps dans l’eau. Mais ce n’était pas fini car l’aventure se poursuivait. En effet, à cause d’une marée de 9 mètres nous avons dû trouver un autre chemin pour arriver jusqu’aux zodiacs. Sous la pluie, l’eau jusqu’aux genoux, traversant des cours d’eau, frigorifiés alors que nous venions de sortir de l’eau, évitant les algues pour ne pas glisser, nous faisions une chaîne humaine afin de s’entraider et arriver finalement trempés (presque autant que lors de la baignade) sur le Lyubov Orlova où une bonne douche chaude nous attendait !
Le soir Paige nous a apporté de nombreuses réflexions morales que nous pourrions résumer dans ces quelques citations :
«Biodiversity is all life on Earth»
«Nature can be used as a model.»
«Civilization is from every tiny thing» remplaçant les panneaux nous interdisant de marcher sur la pelouse !
Et enfin : «The Titanic did not crash because they could not see the iceberg but because they could not turn enough fast, just like biodiversity decreasing and climate change.»Lors du débriefing Geoff a mentionné le terme «space ship earth» et nous a demandé si nous souhaitions être passager ou moussaillon. Dans notre cœur a résonné et résonne encore la réponse criée par tout notre groupe : « Moussaillon ! ».

Mardi 17 Août :

Aujourd’hui même si nous ne sommes pas sortis les enseignements ont été importants.
Grâce à ce voyage, nous avons compris que si l’on doit viser, il faut viser haut.
« Shoot the Moon ! »
Et Zöe a également mis l’accent sur un élément souvent laissé de côté : «A lot of species won’t be able to adapt…ourselves included.»
Nous avons réfléchi et nous avons écrit. Voici un poème de Marine R. :

Une multitude de fleurs
Une multitude de couleurs
Qui aurait pensé
Que l’Arctique ait des teintes si variées ?
Croassements dans le ciel,
Accompagnés de battements d’ailes,

Traces de sabots dans la boue,
Nous indiquent le chemin des caribous.
Des grognements nous parviennent des rochers,
Lorsqu’on les approche ils sont tous allongés,
Mais curieux ils se trainent dans l’eau
Et quittent leur rochers bien chauds.

Paysages blancs entourés de bleu,
Du phoque il ne reste même pas la queue.
Le plus grand prédateur a mangé,
Majestueux, puissant, il continue à avancer.

Avez-vous déjà vu l’Arctique ?
Avez-vous vu ses paysages magnifiques ?
Là-bas la vie est si présente,
Là-bas la vie est si charmante.
Malheureusement touché par la cupidité humaine,
A une mort sure doucement elle s’enchaine,

Mais nous avons encore un peu de temps,
Nous devons juste nous y mettre sérieusement.
Protège les Pôles, Protège la Planète,
Students On ice en tête,
Ce territoire si pur nous devons sauver,
Avant de le perdre à jamais.

Riponi Marine.

Le soir nous avons vu le plus beau spectacle de notre vie à ce jour : des aurores boréales.
Nous en avions déjà vu quelques jours auparavant mais ce n’était rien en comparaison.
Ce soir le ciel était vert, il s’illuminait de toute part : la nuit dansait en robe rose. C’était des chatoiements de couleurs !
C’était mieux qu’un feu d’artifice : on ne s’y attendait pas, on ignorait d’où la lumière allait jaillir…et il n’y avait pas de bruit, juste nos cris d’excitation, nos murmures d’admiration et le chant de l’océan.
Lorsqu’on se dit que ces particules viennent du soleil, que c’est simplement la nature…ça laisse rêveur. Des villes on peut en créer des centaines…la nature si elle meurt c’est pour toujours…

Soudain, on nous a dit d’aller nous coucher : pourquoi ce couvre-feu éteint-il nos rêves?
«J’ai envie de hurler de rage et de joie…je ne veux pas que ce soit la dernière fois de ma vie que je voie des aurores boréales…»

Mercredi 18 Août :
«Polar Bears on shore !» Nous avions pourtant renoncé d’en apercevoir de nouveau…

Sur les zodiacs la matin nous nous en sommes approchés et nous nous en avons vu trois de près dont une mère avec son petit.
Devant nous ce n’était plus des falaises mais des pentes à pic avec sur les rebords des milliers de guillemots nous tournant autour, frôlant l’eau limpide de leur ailes.
Et il y avait ce vent dans notre visage, l’air frais du matin, les éclaboussures d’eau, la vitesse du zodiac et l’adrénaline !
Nous avions l’impression de vivre…
Mais c’était également ce jour là où nous avons dû faire nos valises en prévision du départ du lendemain. Pourtant nous refusions de croire que c’était réellement la fin.
Cependant Geoff nous a présenté une dernière conférence et elle nous a plus que jamais démontré que cette expédition ne s’arrêterait pas à l’instant où nous rentrerions chez nous mais qu’elle durerai toute notre vie, nous ayant transformées et bouleversées.
Ses paroles nous emportaient…
Génération G,
Generous, Green, Global…

«I now belong to a higher cult of the world for having seen an Albatros.» disait Geoff, lui qui avait tendu sa main à l’un d’entres eux !
«You have a power : the power of youth.» Nous voulons y croire…nous devons y croire…
Il nous expliquait ce qu’étaient devenu certains anciens élèves : des écrivains, des artistes, des leaders…
Il nous racontait sa rencontre avec un chef indien et leur étrange, mais non moins respectable, tradition qui veut que chaque année, pour apporter de bonnes récoltes, des hommes se jettent, nus, du haut d’une tour et s’arrêtent net à quelques centimètres du sol, retenus par les pieds à l’aide d’une corde. Ainsi, ils mettent en avant leur union avec la Terre et leur envie de ne faire plus qu’un avec elle…d’entrer en elle.
Le soir a eu lieu la soirée de cloture de notre expédition et notre vœu s’est réalisé : nous avons revu des aurores boréales…
«A time for leadership, vision, change, innovations and actions.» disait Geoff.
La motivation est née en nous, aurore dans l’obscurité du ciel.

There are currently 4 responses to “Journal de bord (3/3)”

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  1. 1 On décembre 5th, 2010, Jacky said:

    bonsoir Talisman

    Que dire aprés un tel article !?
    d’accord le sujet est exceptionnel, c’est vrai !
    Mais ce n’est pas seulement ça.

    Je constate que l’émotion est trés présente et trés bien écrite
    Tellement bien ! qu’a certains passages le lecteur à l’impression de faire partie de l’expédition.
    Et ça c’est vraiment le but de l’écriture.

    On y découvre aussi de jeunes gens radieux vivants souriants
    et heureux de vivre.
    Votre place est là-bas ! c’est vrai
    Mais pas seulement.
    elle est partout ou vous aurez décidés d’apporter
    votre émerveillement et vos espoirs !

    Soyez heureux ! Ne gachez pas une seule seconde
    de vie si précieuse
    a+
    Jacky

  2. 2 On décembre 5th, 2010, Jacky said:

    j’ai oublié de te dire
    la photo de la vallée se reflétant dans l’eau est absolument
    sublime !
    Jacky

  3. 3 On décembre 5th, 2010, Julien said:

    Coucou, alors là c’est fini, a plus ? :( snif..
    En tout cas très bonne dernière partie, comme le dit Jacky la photo du reflet est extraordinaire, une merveille.
    Apparemment vous vous êtes bien amusées, et pas mal mouillée aussi.. lol
    J’espère que tu n’as pas pris froid …

    Bye à plus :)

  4. 4 On décembre 5th, 2010, talisman said:

    Salut,

    Il me reste encore un poème à vous montrer que j’ai écrit là bas…mais c’est sûr ce n’est pas pareil.
    En tout cas merci de vos commentaires, je suis heureuse de voir que vous avez apprécié.

    Je me souviens vers la fin du voyage quand on nous a demandé dans le cadre de l’année internationale de la jeunesse de dire quel était notre rêve, sur une affiche j’avais écrit ces mots « I dream of being a writter capable of changing minds ». En quelque sorte en partageant avec vous ce journal de bord j’y contribue !
    En ce qui concerne la photo il n’est pas très difficile de la réussir avec un tel paysage ^^

    Malgré la baignade et le froid, personne n’a été malade (même pas un rhume !). Il faut remercier je pense notre médecin, Terry.
    J’ai pris beaucoup de plaisir à réaliser ces articles car à chaque fois je replonge dans l’océan des souvenirs. C’est un peu comme lorsque je relis mon journal de bord : j’ai à la fois envie de rire et de pleurer.
    Toutefois ce qui est bien c’est que l’on continue a en parler autour de nous et à réaliser des conférences pour sensibiliser sur ce sujet. Être partie pour ne rien partager serait inutile. C’est en essayant de faire naître en vous un intérêt pour l’Arctique, une prise de conscience, un désir de voyager… que cette aventure reste intacte en nous et toujours vivante.

    Merci,
    Talisman.

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