Souffle Mots

Prise de la Bas-Brille.

28th octobre 2009

Prise de la Bas-Brille.

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Salut !

Enfin les vacances de la Toussaint ! Un peu de répit (quoique avec les devoirs…).

Je vous présente aujourd’hui un récit écrit il y a environ deux mois.

J’espère qu’il vous plaira,

Bye et bonne lecture.

 

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Prise de la Bas-Brille.

 

    Le monde défile sous mes pieds qui ne m’obéissent plus. Derrière ; des bras, des encouragements me forcent à avancer. Devant; des clameurs, des insultes m’éclaboussent au visage.

Et moi, le centre de ce tumulte ; je ne sais même pas pourquoi.

Je n’appartiens plus à personne et je n’ai désormais de foyer nulle part. Cette ville dans mon dos n’est plus mienne, la campagne qui me fais face m’est inconnue.

Je suis entre deux mondes, entre ici et là-bas, entre la vie et la mort. L’avenir m’effraie.

Cela fait quelques jours que Brille, la capitale, est encerclée. Mais ce ne sont pas des étrangers qui nous assiègent, ce sont nos paysans, les modestes villageois des communes alentours.

La foule hystérique court à ma rencontre et m’agrippe sans ménagement par mes habits.

Je ne suis qu’un enfant et pourtant le maire m’a dit que tout reposait sur mes épaules. Dans un sens il n’avait pas vraiment tord… Désormais des dizaines de mains inconnues sont posées sur moi. Elles me frappent.

« Vous nous avez empoisonnés ! »

J’allais à l’école . Je n’ai rien fait.

« Gredins ! Vous vous enrichissez sur notre dos, sur notre santé ! »

Je n’ai jamais touché que l’argent de poche que mes parents me donnaient.

« Vous avez tué la Terre avec vos poisons ! »

J’ai beau nier personne ne m’entends. Le doigt crochu d’une femme se glisse contre mon cou.

« Tu savais gamin que pendant que tu t’empiffrais de bonne nourriture on bouffait des produits chimiques ? »

Elle ressemble à ma mère…

« Mais ce que t’ignores c’est que le sang d’un gosse de riche, comme toi, peux purifier la Terre et nous sauver. »

Son rire est glaçant. Je me bouche les oreilles. J’ai peur de comprendre ce qu’elle insinue.

Soudain deux yeux m’interceptent. C’est une enfant en haillon assise sur le bord de la route. Étrangement son regard ne comporte aucune trace de haine mais seulement de la compassion. Pourquoi ? Que vont-ils me faire ? Je ferme les yeux, je ne veux pas affronter la vérité, je ne veux pas grandir trop vite…

Mais tandis que je sens que l’on m’emporte j’entends un bruit qui n’est ni un cri, ni un juron, ni un rire.

Elle sanglote. Je sais que c’est elle au bord de la route. Alors, avant de perdre connaissance, une pensée réconfortante m’effleure le cœur : je ne serai pas le seul à pleurer.

 

     Un enfant. Pourquoi…

De nouveau les bruits se rapprochent précédant la foule enragée. Mais que croyaient-ils, qu’ils allaient pouvoir effacer un crime avec un autre crime ?

Les villageois se ruent vers les portes closes de la ville et attaquent avec leur armes. Pensaient-ils qu’il suffisait de le sacrifier pour étouffer une colère millénaire ?

La porte tombe en morceaux et laisse entrer une mer de fureur.

Ne savaient-ils pas que leur horrible machination ne pourrait éternellement passer inaperçue ?

Tandis que, sur le trottoir, l’enfant s’est levée,le peuple en folie pénètre dans la ville.

Tous les jours, assise en tailleur sur sa parcelle de béton elle a vu s’approcher les prémices d’une révolution.

Tous les jours des dizaines de camions sortaient de la ville contenant des produits chimiques sous bien des formes, que ce soit celle de la nourriture ou des engrais.

Le poison s’est répandue; contaminant lentement les Hommes et la Terre et les liant ensemble, les poussant vers un tragique destin. Tous les jours l’enfant a regardé la mort arriver.

Et tout ceci a été commandé par une unique personne que peu connaissent mais dont tout le monde sait l’existence : le directeur de la Bas-Brille, usine de production massive située sous terre afin de rejeter plus facilement à l’extérieur de la ville leur déchets et toxines à l’aide de longs tuyau et réseaux souterrains.

Il leur fallut beaucoup de temps pour comprendre mais un jour les villageois se sont rendu compte et leur colère déferle telle la marée sur la grève…

Sous le regard triste de la petite fille, pieds nus sur les décombres de la grande porte, la foule détruit chaque commerce, chaque habitation avant de s’engouffrer sous la terre pour ravager et prendre possession de la Bas-Brille.

Et comme elle l’a entendue quelques heures plus tôt la fillette perçoit à nouveau les cris de douleur des citadins pris au piège se mêlant à ceux des pauvres villageois se dressant face à des armes mortelles.

Petit à petit l’enfant fait demi-tour et s’avance vers le cœur de son village. Dans toutes les rues qu’elle traverse il ne reste plus qu’elle. Elle a du mal à marcher, elle semble épuisée et se tient contre les murs, s’arrêtant de temps à autre pour tousser car, comme tout le peuple, elle n’a pas été épargnée et elle sait qu’il n’existe aucun remède.

A chaque quinte de toux la main devant sa bouche se couvre d’étranges tâches de sang.

Après de nombreuses minutes éprouvantes et sans fin l’enfant parvient enfin sur la place centrale du village. Plusieurs fois son regard se porte de droite à gauche mais n’y a ici rien de ce à quoi elle s’attendait.

En réalité ce lieu est vide, exempt de toute trace de vie. Mais la petite fille semble avoir vu quelques chose car elle s’avance doucement vers le centre de la place. La nuit est tombée et seules les étoiles éclairent le village aidé de peu réverbères solitaires. Au milieu, sous un faible halo de lumière est née une fleur. Elle se fraie un chemin parmi les pierres et les dalles, douloureux souvenir d’un enfant jeté en pâture à un peuple déchainé.

Près de la jeune pousse l’enfant s’accroupit et la couvre de ses mains tout en murmurant : « Une fleur ne peut purifier à elle toute seule un monde mais elle peut redonner un peu d’espoir. Pardonne-moi petit garçon, il y a dans ce monde plus d’innocents que de coupables mais nous ignorons tous la frontière entre l’un et l’autre. Je me demande bien, inconnu, comment d’un unique regard j’ai pu devenir coupable de ta disparition et de celle de toute ta ville. Je ne connais pas ton nom mais permet moi de t’appeler Bas-Brille car tu as été pendant quelques instants son incarnation. »

La petit fille prend alors la fleur de Bas-Brille dans ses mains tachées de sang tandis qu’elle sectionne délicatement la tige et soudain la fleur se couvre d’épine.

« Tu as raison enfant innocent de te protéger de mon sang empoisonné, il ne faudrait pas que tu te fanes. »

Elle s’allonge alors sur le sol, épuisée, après avoir soigneusement placé la fleur dans ses cheveux.

« Merci Bas-Brille; personne ne m’avait jamais offert de fleur. »

Et tandis que la petite fille s’endort Brille se transforme lentement en forêts d’arbres et de ronces alors qu’un peu plus loin sur l’ancienne place du village, bientôt, deux roses rouges se feront face.

 

 

 

This entry was posted on Mercredi, octobre 28th, 2009 at 8 h 35 min and is filed under Récits. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.

There are currently 2 responses to “Prise de la Bas-Brille.”

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  1. 1 On octobre 28th, 2009, Julien said:

    Coucou, bonnes vacances déjà :)
    Pas mal, j’aime bien :)
    Je crois qu’il y a une tite faute au début : « Gredins ! Vous vous enrichisSEZ sur notre dos, sur notre santé ! »

    Passes de bonnes vacances, bisous à très bientôt :)

    Julien

  2. 2 On octobre 30th, 2009, talisman said:

    Salut,

    Merci pour avoir remarquer l’erreur de frappe.
    Contente que l’histoire t’aie plu.

    Bye.
    Talisman

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