Souffle Mots

Insaisi-sable

13th juillet 2013

Insaisi-sable

Salut !

Ça y est j’ai enfin fini mes concours, enfin les oraux parce que les écrits ça fait déjà longtemps ^^ Toutefois je crois que je ne me sentirais vraiment en vacances que lorsque j’aurai les résultats et s’ils sont positifs. Je vous présente alors un texte que je qualifierais de paysage état d’âme. Il a été écrit en Mars durant les vacances de février (cherchez la logique).

C’était un soir où je cherchais désespérément une idée, et alors que je pensais m’arrêter sur une tentative infructueuse, un paysage a commencé à se dessiner dans mon esprit et les mots à s’y poser pour le décrire. La fin, je l’ai écrite un matin lorsque j’étais avec une amie (merci Myrtille !!), j’avais une telle envie d’écrire qu’elle m’a dit de le faire et j’ai tout fini en une heure environ, cela me plaisait tellement !

J’espère que ce texte vous plaira.

Bye et bonne lecture.

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Insaisi-sable

Tout commença par un désert, par une chaîne de montagnes sans couleur, rides d’une nature albinos ; par des dunes qu’on aurait décalqué un peu trop vite, entre deux battements de paupières, simples vagues muettes. Je revois cette poussière, insaisissable, comme les rêves qui nous glissent entre les doigts, sans forme, presque immatériels. Des falaises.

Tout n’était qu’immobilité apparente, albatros qui suspend son vol comme on retient sa respiration tandis que dans le secret d’un esprit se réinventent les mondes et se forgent les illusions d’une société. Je trace sur les dunes les contours flous de quelques idées, mirages sur du papier froissé.

Wikicommons

Je me souviens de cette feuille blanche, livide. De la peur. Des lignes quadrillées d’un miroir émargé, perforé où il est si simple de se perdre comme on s’égare dans un désert, reflet d’un soleil nouveau-né. Je ferme les yeux pour ne pas me brûler.

Dans un ailleurs une pointe de métal menace la feuille, aiguille figée…et les minutes s’écoulaient, se brisaient sur l’écueil d’un mot avorté, asphyxié. Océan d’aridité.

Dans ma main l’inspiration est de sable.

Puis le Soleil était devenu ocre, coloré de ce rouge qui tend vers la nuit, et j’avais vu se profiler à l’horizon l’ombre de nuages, comme un brouillard sur mon visage. Ils avançaient, silencieux, nuages de poussière que les sabots d’une armée invisible auraient soulevé.

Il me suffisait d’abaisser les paupières pour animer le manège, les faire quitter leur socle de pierre et enfanter la vie telle une goutte d’eau fait fleurir un désert : je revois les puissants muscles des chevaux se tendre, leurs foulées s’allonger, les cavaliers rabattre leur visière et sur l’encolure se pencher. Je ressens le contact du sable qui se tasse sous mes pieds, la vitesse qui m’appelle…et sur les dunes de papier apparaît l’ombre d’une plume hirondelle.

C’est simple de voler, si simple. Battre des ailes et s’élever. Imaginer. Entrevoir d’un peu plus près la chevauchée, s’y rêver.

Soudain c’est la tempête et je me perds. Tout n’est plus que mouvement, ivresse de l’instant, tourbillon de poussière qui se répand sur un paysage hors équilibre. Chute libre.

Les chevaux disparaissent tandis que sous le vent les dunes s’éveillent. Suis-je en pleine mer ou sur un désert ? Je ne vois plus rien, ni le Soleil que masquent les nuages ni le sol qui se débat sous la poussière. Respiration qui s’accélère.

Alors je condense tout, en un mot, en un point, agonie d’un poème. Je replie mes ailes contre mon corps : plongeon. C’est la descente vers un horizon qui n’est plus, vers un paysage en mutation, des visages inconnus, fantômes de cavaliers anonymes. C’est entrer dans un monde sans frontière, sans interdit, un monde où tout naît du contact de la peau sur l’eau, de quelques ondes aux allures de dunes. Un monde inscrit au fond de moi, indélébile.

Ce soir une goutte choit sur la feuille. Est-ce de l’encre ou un peu d’eau salée ? Glisse-t-elle de ma joue ou de ma plume ? Ce soir dans le désert le vol de l’hirondelle perce les nuages et la terre s’abreuve comme le papier se gorge d’émotion.

Ce soir mon cœur crie la moisson.

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