Souffle Mots

Le jour où la nuit est morte

19th janvier 2022

Le jour où la nuit est morte

Salut à tous !

Un petit poème débuté un soir d’hiver en rentrant du travail. La photo a également été prise un soir un revenant ^^ J’espère qu’il vous plaira !

Bye et bonne lecture !

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Le jour où la nuit est morte

Sous les feus des bagnoles,
Qui brûlent, dans les ruelles du neuf trois,
Titubant dans les vapeurs d’alcool,
Comme un insecte envoûté par les phares,
Je me consume dans les braises rougeoyantes des cigares,
Me noie dans les lumières des ombres d’autrefois.
Egaré entre trois lampadaires, deux baisers,
J’ai perdu ma nuit, partie en fumée.

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Dans mon verre flottent les lumières des néons,
Tandis qu’autour de moi passent les bus comme des étoiles filantes.
Où est la maison ? J’ai oublié.
Quelque part entre Deneb et Orion.
Peut-être au croisement de l’Octant et de la brocante.
Je me perds dans la lumière,
Parmi les panneaux des agences immobilières.
Je me crame la rétine
Sur le fronton des boutiques,
Quand dans ma tête frappent les projecteurs d’un lointain cirque.
Ce soir la lune est la dernière héroïne.

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Avalé par la bouche qui vomit le jour,
Face aux carreaux d’un vert délavé,
Parfois jaunis, mosaïque colonisée,
Je grimace devant mon reflet distordu.
C’était un aller sans retour.
Le dernier métro vient de partir
Pendant que certains tentent de dormir,
Allongés sur le sol, près des gouttières d’eau croupie,
Sous les panneaux clignotants comme les néons des rues,
Ce soir dans Paris.
Tout cela au nom de la Patrie,
Au cœur battant de la République.
Car c’est dans les nuits fantômes, à Nation
Qu’on crève en lumière.

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Les yeux ouverts, aveuglé,
Je ne vois dans le ciel que les pales danser,
Qui brassent les froides odeurs de clope
Sous les lumières enivrantes des stroboscopes.
Honteux, les mains entre les hanches,
Priant les cauchemars et les rêves
Dans une éclatante impiété,
J’attends que l’aurore m’achève.
Sur l’autel des nuits blanches,
J’ai perdu la nuit, crucifiée.

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4th novembre 2021

Les feuilles mortes

Salut à tous,

Voici un petit poème écrit en ce début de saison, dans le bus un matin en allant au travail.

Bye et bonne lecture !

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Les feuilles mortes


Elles tombent doucement,
Presque en noir et blanc,
Ces vies venues d’un autre temps,
De ces printemps oubliés,
De ces étés fanés
Qui s’en vont dormir à jamais.

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Une à une elles s’amoncellent,
Poussées par le vent, si frêles,
En petit tas contre les murs.
Ne pas déranger, ne pas être un fardeau.
Partir en fumée sans bruit, sans étincelles.
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Les vers viennent les ronger,
Leur corps petit à petit décomposé,
Les nervures brisées.
Enfant je n’aimais pas embrasser leurs visages ridés.
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On les piétine sans les regarder.
Ça craque sous nos pieds.
Et on se souviendra un jour, peut-être demain,
Qu’on aimait tant les prendre dans nos mains.
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Derrière, elles laissent des arbres à nu,
Emplis de solitude,
Des nids battus par la pluie,
Abandonnés.
Combien de feuilles dans une forêt ?
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Jusqu’au dernier instant avec dignité,
Elles ne tombent pas au sol, elles s’envolent.
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Des sillons rouges dans les rues,
Des tranchées au milieu des pavés,
Comme si nous n’avions pas vu l’automne arriver.
C’était ma saison préférée.
Puis on balaie les feuilles mortes.
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3rd août 2021

L’exode

Salut à tous !

Voici un petit poème écrit dans le train, entre Paris et Montpellier le 19 mars 2021 précisément.
En espérant vous retranscrire cette ambiance !
Bye et bonne lecture !
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L’exode

Je me souviens de la chaude tuyauterie des moteurs
Qui roulaient à pleine vitesse,
Quand on traversait la France dans un demi sommeil
Et que dehors tombait la neige.
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Lovés dans nos manteaux,
Coincés sous les bagages,
Nous laissions s’égrainer le paysage
Pendant que le temps cotonneux défilait sous nos pas.
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Depuis longtemps les vitres n’avaient pas été lavées
Marquées des souvenirs des tempêtes passées.
Après le pont, derrière les vallons,
Perdus dans cette fuite en avant.
Contre le temps.
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Enfoncés dans nos fauteuils, dans nos rêves
Les flocons laissent place aux doux rayons de soleil.
Sur les quais des noms surgissent, qu’on ne visitera jamais
Pas plus que ces âmes assisent à nos côtés.
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On s’installe, on s’étale.
Un casque, un livre, un oreiller,
Quelques odeurs de nourriture
Comme un arrière goût de nature.
Qui sait combien de temps le voyage peut durer ?
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Premier arrêt, le train ralentit.
Après un tunnel sous la montagne
Un fleuve sinue sous nos yeux éblouis.
Quelques vies s’égarent
Quand d’autres nous rejoignent.
Puis le train repart.
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Ballotés en silence par les rails,
Il flotte dans l’air une envie d’ailleurs,
Un besoin de vivre surplombant la peur.
Comme si l’arrivée signera le terme de la bataille.
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C’était l’exode.
Entre la honte et l’aliénation,
Grimés sous nos masque de chiffon,
Se cachant comme des déserteurs,
On voulait respirer
Quand d’autres étouffaient.
Il ne restait plus que quelques heures.
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22nd novembre 2020

Il est cinq heures

Salut à tous !

Voici un petit poème écrit beaucoup trop tôt un matin en partant au boulot. Une petite revendication politique de temps en temps, ça ne fait pas de mal !

Le dessin réalisé par moi même vient de l’Inktober 2020.

Bye et bonne lecture !

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Il est cinq heures

Une fine bruine tombe sur Paris,
Figée sous les lampadaires endormis.
Pas de vie, pas de bruit,
Seul le pain tout juste cuit,
Tandis que dans le métro somnambule
Le moteur ronfle et la sonnerie hulule.
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Blottis sur les sièges quelques âmes
Les yeux mi clos reprennent leur voyage,
Arrachés trop tôt à la tiédeur des rêves
Le cœur en sursaut lorsque la bulle crève.
Ils ont laissés derrière eux les dormeurs,
Ignorants que la vie n’a pas d’heure.
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Et lorsque les nuages apparaîtront
Gorgés d’un sombre gris béton,
Nous serons déjà loin
Enfermés dans des vitrines, des bureaux, des usines,
A regarder clignoter des points
A taper sur des machines
En rêvant de partir.
Peut-être demain.
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Alors dans un acte de haute rébellion,
Je prendrai mon stylo, ma plume, mon crayon,
Défiant la productivité pour un peu d’imaginaire.
Et si on demande la réfractaire,
D’un sourire j’affirme et je signe,
Pour gueuler entre ces lignes
Que Paris a sommeil.
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27th août 2020

Vue du Ciel

Bonjour  à tous !

Un soir je regardais par la fenêtre et j’ai eu envie d’écrire un poème. Faut pas chercher, ça arrive parfois, des vers qui surgissent sans crier gare !

J’espère que ce poème vous plaira.

Bye et bonne lecture.

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Vue du Ciel

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Sourds les nuages qui hurlent
Le passé fuyant, enfumé.
Aveugle l’orage qui brûle,
Des oiseaux de cendres tombent en nuée.
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La blanche fumée enfle, écrase le ciel.
Et si jamais il a existé,
Balaie le jour dans un souffle éternel.
A jamais dans la postérité.
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De tôles, et d’acier, bris de vie éparpillés,
L’eau s’engouffre d’où le sang s’est échappé,
Et tous se demandent comment l’histoire a dérapé.
Le ciel était bleu avant d’être torpillé.
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Après la nuit vint le couchant,
Les nuages s’envolent, squelettiques.
Incapable de dormir sur le port marchand,
Le Soleil cherche son lit, fatidique.
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Peu après 18 heures, ce 4 août,
Il ne reste rien de Beyrouth.

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7th novembre 2019

Cosmologie d’une Histoire

Bonjour à tous,

La suite du cercle Artistique (que j’avais oublié de poster ^^). Le thème était : Départ.

L’image est un dessin de ma part réalisé durant Inktober.

Bye et bonne lecture !

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Cosmologie d’une Histoire

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Au départ il n’y avait rien.

Ou plutôt il y avait tout :

Le début et la fin,

Condensés en un point,

L’infini dans la plume du fou,

L’éternité suspendue au doute.

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Avant le premier mot, le premier cri,

Précédant la mort, anticipant la vie,

Devançant la lumière d’une seconde,

Pour créer le temps à la lueur de l’ombre :

Primitive, primordiale, la goutte

D’encre.

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Dans les souvenirs oubliés, je revois sa chute

Empreindre l’espace d’élans d’émotion brute.

C’est l’inflation, l’expansion d’une Histoire,

De lettres agrégées en mots, en phrases,

De protons, d’électrons puis de trous noirs.

Et tout autour le vide nous écrase.

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Le départ n’est qu’illusion pour oublier

L’avant. La fin un prétexte, un faux-fuyant,

Un mur à l’horizon dressé devant l’après.

Ignorant le dénouement, j’écris,

Pour comprendre l’Univers, je vis.

On ne voit que la lumière.

J’attends l’obscurité.

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2nd avril 2019

Roue-âme

Salut à tous !

Avec des amis on a recréé en quelque sorte le « Cercle des Poètes disparus » ou disons plutôt « le Cercle des Artistes disparus » car notre objectif est d’accueillir toutes les formes d’art. On se donne ainsi un thème et c’est parti ! A vos marques, prêt, feu ! Imaginez !

Puis il s’agit de retrouver qui est à l’origine de quel texte. Et parfois…on croit savoir que l’on se trompe ;-)

Alors aujourd’hui je vous présente le texte que j’ai écrit pour la première édition du Cercle des Artistes. Le thème était…Rouage !

L’image à la fin est issue du musée d’Orsay.

Bye et bonne lecture.

PS : n’hésitez pas à cliquer sur l’image pour l’agrandir et lire directement dessus…là était tout le but !

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Cercle extérieur (début en haut au milieu) : “Et si c’était toi ? Qui murmure parfois qui hurle. Ce regard sur le monde, cette lueur de vérité aussitôt partie en fumée. Et si c’était toi ? Cette peur de l’au-delà, ce mécanisme bien huilé qui ne veut pas s’arrêter. Parait que morte tu vis encore.”

Créneaux du cercle extérieur : “En es-tu bien sure ? Tu sais que tout ceci n’est que poussière dans notre tête. Nos yeux fermés tout est noir et pourtant je rêve de toutes les couleurs dansant à la frontière de l’éternel réveil. Demain viendra l’aube que nous aurons imaginé, iréelle et insensée. Tout comme ces mots que nous avons posés. Et au seuil de la mort nous saurons peut-être alors qui je suis.”

Lignes entre cercle extérieur et intérieur : “Ose regarder, Essaie de comprendre, pauvre mortel, démêle les fils de l’iréel, enfonce toi toujours plus loin, doute de tout. Du rien.”

Cercle intérieur : “Je n’existe pas. Je suis ce trou en toi, lacune de la science, vieille réminiscence d’une peur séculaire, n’être que poussière. Tout tourne en toi, chavire en moi. Vertige”

Créneaux du cercle intérieur : “Ne pars pas, attends moi. J’ai peur d’être seule avec moi même. Seule avec mon être. Dis, que devient tout notre monde à la fin ?”

Cercle intérieur marqué A : “Inspirer. Illusion. Expirer. Confusion. Asphyxier les questions. Oublier.”

Cercle intérieur marqué M : “Je vis la mort. Je rêve l’éveil. Savoir.”

Cercle intérieur marqué E : “On voit en noir et blanc. Tu es rouge sang.”

Cercle à l’intérieur du A marqué R : “Tic Tac Vie Tic Tac Cours Tic Fuis !”

Cercle à l’intérieur du A marqué O : “Six Cinq Quatre Trois Deux Un”

Cercle à l’intérieur du M marqué U : symboles mathématiques “pour tout / vide / il existe / différents / infinis”

Cercle à l’intérieur du E marqué E : “Nous tous moi toi”

Cercle à l’intérieur du R marqué ? : “Moi – Toi = … …

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5th août 2018

Trop plein

Salut !

Récemment, en me demandant mon avis pour un poème, un ami m’a dit « quand  tu sentiras de l’émotion, j’aurai réussi mon défi ».  L’émotion…tout un monde.

La première photo a été prise en Finlande lors des premières neiges et la seconde vient de l’Arctique.

Bye et bonne lecture !

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Trop plein

Sur la neige fondue des trottoirs piétinés,
Sous la chaleur accablante des jours abandonnés,
Face à la houle de ses yeux déchaînés,
D’un détail tu nais.
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Assise sur un canapé gris,
A la lumière solitaire d’une pièce à vivre,
Devant le mur vierge de l’avenir,
Je t’écris.
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Pour insuffler un peu de sens,
A tes silences, tes assonances.
De censures en évidences,
Comprendre ton errance.
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Va t’en, laisse moi en paix !
Tu croyais vraiment que je pouvais te porter ?
Une émotion de plus, une lettre, un gravier,
Et je vais me noyer.
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