Souffle Mots

Le gland qui voulait devenir grand ! (6° partie et dernière)

21st août 2008

Le gland qui voulait devenir grand ! (6° partie et dernière)

Salut !

« Pourquoi elle poste ? D’habitude c’est toute les deux semaines… » vous dîtes vous peut-être. Mais voilà, pour un jour particulier, un article spécial. Je vous montre alors la fin du gland (au sens propre ou figuré, à vous de voir en lisant…).

Cette semaine j’ai fait de la plongée et ce matin j’ai obtenu mon dauphin d’or et ma qualification palanquée !

Hier je suis allée à une conférence d’astronomie, ça faisait longtemps, ça me manquait… Et lorsque minuit arriva et que l’on passa du 20 au 21 août, une pensée me trottait dans la tête : j’ai quinze ans !!

Bonne lecture !

Bye

  1. 1ere partie
  2. 2nd partie
  3. 3eme partie
  4. 4eme partie
  5. 5eme partie
  6. 6eme partie

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Le gland qui voulait devenir grand ! (6° partie et dernière)

    Pendant qu’une petites poignées d’hommes, de femmes, d’insectes, d’animaux, meurt; des milliers naissent, et des milliards vivent sans rien savoir la plupart du temps de ce qui ce trame autour d’eux. A chaque minute, des milliers de gland tombent de leur arbre en rendant leur dernier souffle. A chaque minute, des milliers d’arbre tombent, tuant des milliers de gland. Mais ils sont tellement nombreux que le plus souvent on ne leur accorde même pas une pensée, même pas un Adieu.

    Notre petit héros était là, étendu sur le sol, sans vie, tel des millions de feuilles, tel des milliards de gouttes d’eau s’étant jetées à corps perdu hors de leur nuage.

Heureusement lui, cet enfant, il avait eut le droit à son Adieu, cet instant d’attention semblable à celui que l’on accorde à un bébé avant qu’il ne s’endorme. C’était exactement la pensée qu’avait en ce moment l’abeille, assise aux côtés du gland, en deuil.

Elle pleurait. De petites larmes qui couvraient le sol telle la rosée du matin. Oui; même les abeilles pleurent. On ne le remarque jamais, mais elles savent pleurer. Les pierres aussi pleurent quand on les piétine. Certains diront qu’elles n’ont pas de coeur, que c’est impossible. Mais elles pleurent. Des copeaux de roche très vite emporté par le vent.

Et le sable? Direz vous, pleure-t-il telle les abeilles ? Eh bien non. Le sable ne pleure pas. Il n’est que les larmes des pierres, arrosées de temps à autres, gonflés par la tristesse et le chagrin de certaines abeilles.

Il commençait à faire nuit. L’insecte se leva alors et déplia ses courtes ailes, prêtes à reprendre son envol. « Pas Adieu cette fois mon p’tit. Non; Au revoir. »

 

    Il pleuvait fort et le vent tourbillonnait rendant la tâche des quelques personnes présentes autour du gland encore plus pénible. Il y avait là une araignée, un peu en retrait des autres, qui maudissait le ciel et le rendait responsable de la scène qu’elle avait sous les yeux. Tous la regardaient, étonnés par ses gestes et ses paroles incompréhensibles.

Dans cette petite assemblée rassemblant toutes les personnes que le gland avait rencontré durant son aventure, seul deux papillons se connaissaient. C’était visiblement un couple car ils rayonnaient de bonheur au simple regard de l’autre.

L’un d’eux, sa compagne au bras, discutait avec l’abeille : « Tout est de ma faute…si seulement j’avais su. Quand je suis sorti de mon cocon, je m’attendais à voir le gland assis près de moi tel je l’avais…. » Il ne termina pas sa phrase, un sanglot le parcourant. Sa femme le serra contre elle avec affection : « Ne t’inquiète pas mon chéri, tu n’y es pour rien. Tu ne pouvais pas imaginer qu’une mouche serait capable de…de le…enfin tu me comprends…. « 

L’abeille coupa court à leur lamentations : « Alors mon grand, comment-t’en es tu sorti ?

  • Je ne sais pas vraiment, j’ai juste une vague idée.Vois-tu, quand je me suis réveillé, je n’étais plus accroché à la branche, comme j’aurai dû l’être, mais mon cocon était appuyé sur la dépouille d’une mouche. Je ne sais pas comment c’est arrivé, mais je crois bien que c’est moi qui l’ai tuée. »

Sa compagne déclara ensuite : « Je n’ai pas eu la chance de connaître ce gland mais je lui dois beaucoup. Sans lui, jamais je ne t’aurais connu mon amour. » Elle embrassa alors son mari tendrement.

 

    La nuit était tombée et le groupe n’était éclairé plus que par les lueurs de la Lune. Depuis le début de l’après-midi où avait été fixé le rendez-vous, tous n’avaient fait que reporter, par des raisons parfois saugrenues, l’heure où ils devraient enterrer leur ami. Mais les choses, aussi douloureuses soit-elles, doivent être accomplies, que ce soit un peu plus tôt ou un peu plus tard.

Chacun prit une grande bouffée de l’air frais du soir et réunirent tout leur courage pour les tâches respectives qu’ils devaient accomplir.

Tout d’abord l’ Araignée embauma de son fil divin la dépouille de l’enfant.
Ensuite les trois autres compères élevèrent le gland dans les cieux, battant vigoureusement de leur courtes ailes, puis le déposèrent dans la petite fosse conçue à cet effet.

Finalement, chacun jeta un morceau de terre dans le trou, recouvrant petit à petit le corps blanc et froid de leur ami.

La Lune était au dessus d’eux et semblait veiller sur cette petite troupe. Soudain une étoile filante passa dans le ciel. Etait-ce les larmes de notre satellite ?

 

    Chaque héros a le droit à la reconnaissance.

Chaque héros, aussi petit soit-il, reste dans notre mémoire.

Et si un héros a un grand coeur, empli de compassion et d’amour, alors son corps aussi deviendra grand.

 

    Il était une fois un grand chêne…

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14th août 2008

Le gland qui voulait devenir grand ! (5° partie)

Salut !

La semaine dernière je suis partie à Marseille, c’était super. Malheureusement c’est fini et me voilà de retour chez moi avec un livre d’anglais à lire…même en vacance on a des devoirs, c’est incroyable !

Je vous montre aujourd’hui la 5° partie du conte. J’espère que ça vous plaira.

Bye et bonne lecture !

  1. 1ere partie
  2. 2nd partie
  3. 3eme partie
  4. 4eme partie
  5. 5eme partie
  6. 6eme partie

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 Le gland qui voulait devenir grand ! (5° partie)

 

    Le gland avançait au rythme de la chenille, c’est à dire millimètre par millimètre. Au bout d’une demi-heure ils arrivèrent au pied d’un petit arbre, un mimosa qui avait plutôt la forme d’un buisson bien touffu couvert de petites fleurs jaunes tel la galaxie de soleils.

Au sol il n’y avait rien : Le vide naturel. Seul trois brins d’herbe recouvraient la terre nue. Le gland n’aimait pas cela, ce désert, ce débris de vie l’effrayait. Instinctivement il fit un pas en arrière. La chenille se retourna et regarda l’enfant les sourcils froncés :

« Qu’y a-t-il ?

  • Rien … rien. »

Le gland dévisagea l’arbre de bas en haut et murmura avant de s’élancer à l’assaut du tronc aidé par la chenille: « Finissons-en. »

 

    L’ascension terminée, la chenille se pendit la tête en bas à une branche basse tandis que le gland s’asseyait sur cette dernière. L’enfant observa le paysage autour de lui. Cela faisait un moment déjà qu’il n’avait plus bénéficié de la protection d’un arbre ni du bonheur de dominer le monde de sa petite taille et ce souvenir lui arracha un léger sourire. La chenille se balançait selon son bon vouloir en admirant, l’air béa, l’ange multicolore qui s’était posé sur une pierre grisâtre pour chauffer ses ailes aux doux rayons du soleil.

« Qu’attends-tu ? S’exclama le gland, impatient.

  • Je profite de mes derniers instants de vie. Peut-être ne la reverrais-je plus jamais … »

Une larme glissa et chuta sur le sol aride arrosant ce désert d’un peu de tristesse. Le gland se rapprocha de son ami :

« Ne dis pas de telles choses je t’en prie. J’ai dit que je t’aiderai et je le ferai. Je sais que je ne suis qu’un enfant impulsif et entêté, mais pour une fois, regarde seulement l’ami qui est en face de toi : Fais moi confiance. »

La chenille d’une petite pulsion se redressa :

« On dit qu’aimer donne des ailes; je l’espère. Mais si je viens à ne jamais me réveiller je voudrais te remercier pour tout ce que tu as fait. Sache que je ne t’oublierai jamais : tu es un gland en or. »

Le sourire de l’amoureux disparu alors lentement derrière le voile du cocon que la chenille tissait, résignée.

 

    De nouveau l’enfant se retrouva seul. Son regard se promena dans la nature. Il tomba tout d’abord sur le rondin où il avait rencontré son ami puis il remonta le chemin jusqu’aux restes de la fleur que lui et l’abeille avait saccagée. Que devenait-elle ? Finalement ses yeux s’égarèrent sur la toile de l’araignée littéraire qui retint son attention. Où pouvait-elle bien se dissimuler en l’attente d’une future proie ?

Tandis que son esprit retournait progressivement à son corps, son regard passa sur un chêne :

« Maman … un gland en or, tu as entendu ? C’est grâce à toi. Si je n’avais pas sauté je serais resté un enfant égocentrique et fénéant. Il y a néanmoins quelque chose qui m’échappe. Je pense avoir grandi mentalement et avoir attendu assez longtemps, mais Maman, c’est quoi un « but »?

Soudain le vent se leva et l’enfant se recroquevilla sur lui même pour ne pas avoir froid. Un instant il crut entendre sa mère lui répondre mais bien sur se dit-il, c’était impossible.

Le gland était fatigué, une journée entière qu’il n’avait pas fermé l’oeil, lui qui, d’ordinaire, aimait tant cela. C’est alors qu’il se souvint de sa promesse : surveiller. Il regarda autour de lui : Rien.

Il souffla, soulagé. Mais au même moment il perçut un grésillement. Il leva brusquement la tête et scruta l’horizon, inquiet : une mouche arrivait.

Elle n’était pas très grande, de la taille du gland tout au plus et sa figure était mangée par deux grands yeux rouges rivés sur le mimosa. Elle avait des ailes translucides très fines qui la propulsait au devant de l’enfant. Ce dernier se leva sans attendre, arracha à la branche un petit bout de bois de la taille d’un cure-dent qu’il agrippa à l’aide de ses deux mains. La mouche fonçait vers l’arbre à pleine vitesse. Elle n’avait pas encore remarqué le gland posté sur la branche tel un chevalier brandissant son épée. Quand elle le vit il était trop tard.

 

    La vitesse était trop grande et le vent dans son dos trop puissant. Elle tenta de freiner. Baissa les ailes. L’enfant était devant elle, et la considérait comme une ennemie : elle voulait pondre ses oeufs dans le cocon. La mouche tenta de dévier sa trajectoire, d’éviter le choc. Elle ne le pu.

Tel un chevalier combattant un puissant dragon, le gland, armé de son épée, transperça les ailes de l’insecte de part en part. Puis, d’une détente prodigieuse l’enfant, roula à l’extrémité de la branche pour éviter l’insecte qui alla s’encastrer dans le cocon faisant tanguer dangereusement ce dernier.

Le gland respira profondément afin de calmer les battements de son coeur qui, en ce moment ressemblait plutôt à un marteau-piqueur.

Pour la mouche, le choc aurait dû être mortel, mais les mères disposent d’un bouclier capable de les protéger aussi bien du froid que de la faim ou de la douleur, tant qu’elle porte leur enfant. Certaines seraient prêtes à tout pour sauver leur progéniture. La mouche était de celle là. C’est pourquoi elle se releva et se tourna vers le gland, cette chose infime qui avait failli la tuer, elle et ses oeufs. En réalité ni l’un ni l’autre ne combattait pour sa propre vie ; la mouche pour ses enfants, le gland pour son ami. Néanmoins, tout deux étaient animés par la même force : l’amour.

    D’une brusque initiative l’insecte projeta tout son corps en direction de l’enfant. Le boulet de canon arriva sur notre héros sans prévenir et manqua de le faire passer par dessus bord. Il se retint vaillamment à la branche, sa coquille pendant dans le vide. De nouveau il se hissa sur le rameau et fit face à la mère.

Dans sa chute il avait perdu son épée et il fallait se rendre à l’évidence : c’était peine perdue de combattre une mouche à main nue. Mais il n’abandonnerait pas, jamais.

 

    Il était sur ses gardes, n’osant pas détourner son regard de peur qu’une attaque surprise ne le prenne à revers. La mouche était à moins d’un centimètre de l’enfant et se rapprochait dans l’espoir de le coincer, mais ce dernier, effrayé, reculait sans cesse.

Soudain il rencontra quelque chose derrière lui qui se mit à bouger. Instinctivement il fit volte-face pour voir ce que c’était : le cocon.

Trop tard. Grossière erreur.

D’un puissant coup de patte la mouche déstabilisa l’enfant. Il ressentit une violente douleur, ses pieds qui glissaient, le bruit inconnu de quelque chose qui se casse, le cri de l’insecte, et soudain : plus rien.

Le gland tombait.

Il tombait à une vitesse phénoménale.

Il tombait tel il l’avait fait chaque fois.

Il tombait, emporté par son poids.

Il tombait sans pouvoir s’arrêter.

 

    C’était la troisième fois mais c’était une « fois » très différente. C’est vrai; si l’on comparait les phénomènes scientifiques et naturels, cette chute était semblable aux autres en tous points. Mais pour que la comparaison soit totale, il faudrait également prendre en compte un autre critère que l’on appellerait : phénomènes du coeur.

Cette fois-ci, le gland ne tombait pas à l’aveuglette. Au fond de lui il savait tout; il savait ce qui l’attendait. Il savait qu’au sol il n’y avait rien pour stopper sa chute, que ce n’était qu’un désert où viendrait bientôt se mêler ses ossements.

Il savait qu’il avait échoué dans sa tâche, que la chenille allait périr par sa faute, par son manque de prudence, parce qu’il avait fait une promesse qu’il ne pouvait pas tenir.

Mais surtout, il savait qu’il ne reverrait jamais plus ses amis; la chenille, l’abeille, l’araignée…et sa mère. Il était toujours dans les airs et n’avait pas encore touché le sol mais déjà ça lui faisait mal, plus mal que la fissure dans son dos, plus mal que tout.

 

    Le sol se rapprochait inévitablement et même si le gland savait tout, cela ne l’empêchait pas d’avoir peur. Il ferma les yeux. L’enfant avait imaginé une mort brutale, rapide, mais il en fut tout autre.

Il tomba au sol dans un bruit mat que seul la nature put percevoir. Dans son dos, telle une lâche attaque, sa fissure s’ouvrit laissant échapper la vie.

« Je vais enfin pouvoir dormir…une grasse matinée à n’en pas finir. »

Tandis qu’il sombrait lentement dans le sommeil, une légère brise caressa son corps.

Se rappelant sa mère il murmura dans un dernier souffle de vie : « Maman…tu sais…j’ai enfin trouvé mon but : protéger ceux que j’aime. »

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