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L’aube des étoiles (2/2)

13th janvier 2010

L’aube des étoiles (2/2)

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Salut !

Voici la fin du conte dont j’avais mis le début il y a deux semaines. J’espère que cela vous plaira.

Bye et bonne lecture.

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L’aube des étoiles (2/2)

 

            Un matin, à l’aube, lorsque le Soleil commençait à pointer à l’horizon, la mouche prit son élan et sauta de sa fleur qui était devenue pour elle comme une seconde maison.

Jour et nuit elle battit de ses fébriles ailes et s’éleva au dessus du sol. Plus elle se rapprochait de l’astre plus sa forêt lui semblait petite et plus elle prenait conscience de l’ampleur du monde.

« Moi, probablement un des insectes les plus petits de cette planète je suis tombée amoureuse de l’astre le plus grand et le plus important du Système Solaire. »

Lorsqu’Ykar avait questionné la Lune sur le chemin le plus rapide pour se rendre jusqu’au Soleil cette dernière avait répondu qu’il fallait d’abord quitter la terre et voler ensuite en direction de la lumière.

« Mais comment saurais-je que je ne suis plus sur la planète bleue ? avait rétorqué la mouche. 

- Quand autour de toi, tout sera noir. »

Cela faisait tellement longtemps qu’Ykar volait et elle était tellement fatiguée  qu’elle avait perdu toute notion du temps. Si la mouche arrivait encore à battre des ailes c’est qu’elle puisait cette force dans l’admiration et son amour pour le Soleil.

« S’il peut courir tous les jours dans notre immense ciel sans jamais s’accorder une minute de repos, alors moi aussi j’en suis capable. »

C’est pourquoi ; pour se donner du courage, la mouche fixait continuellement le Soleil dès qu’il sortait de l’océan et la nuit elle observait la Lune, s’imaginant que c’était celui qu’elle chérissait.

Mais un jour soudain, lorsque l’astre était au zénith, autour d’Ykar tout devint noir.

« Ca y est ! se réjouit la mouche, j’ai enfin quitté la Terre ! Il ne me reste plus qu’à suivre l’éclat du Soleil. »

Cependant, ses yeux amoureux ne perçurent aucune lumière ; c’était l’obscurité complète.

Effrayée, perdue, la mouche tourna dans tous les sens à la recherche de la plus petite étincelle. Elle était paniquée :

« Je ne peux pas avoir parcouru tout ce chemin pour rien ; la Lune ne m’aurait pas menti…

- Ton satellite ne s’est pas joué de toi, il t’a dit la vérité, tout ce qu’il y a de plus vrai. »

Ykar fit volte face, étonnée :

« Qui êtes-vous, je ne vous vois pas ?

- Je suis une étoile filante et j’appartiens à la grande famille des Perséides. »

Tournant  toujours sur elle-même la mouche protesta :

« Par quel sortilège êtes-vous invisible à mes yeux ? »

Et, de n’importe où et de nulle part, de l’univers entier jusqu’au plus profond de son âme une voix murmura :

« Par amour. »

Ykar resta muette, bouche bée devant les paroles insensées de l’étoile filante.

« Je suis désolée de devoir te l’annoncer mais tu n’as pas quitté la Terre, tu en es même encore loin. Si autour de toi tout te semble noir c’est simplement que ton amour t’a rendue aveugle. Personne ne t’avait jamais prévenu qu’il est très dangereux de regarder le Soleil ?

- Mais comment une telle splendeur peut-elle nous vouloir du mal ? Pourquoi, alors que j’aimais tant l’admirer, m’a-t-il brûlé les yeux ? »

L’étoile filante eut un petit rire puis sourit :

« Sache mon enfant que les apparences sont parfois trompeuses, je le sais désormais mais ile st trop tard pour moi. Il y a quelques années j’étais dans ton cas, une poussière de roche de moins d’un millimètre ; j’ai eu la malchance de tomber amoureux de la Terre…elle est si jolie dans on peignoir bleue, j’avais tellement envie de toucher son corps pourvu de centaines de cristaux différents, de roches et de pierres précieuses. »

L’étoile filante soupirat et si la mouche avait pu lire dans ses yeux elle y aurait décelé un océan de nostalgie.

« Comme toi, j’ai cherché à rejoindre celle que j’aimais et regarde aujourd’hui à quoi j’en suis réduit, moi et toute ma famille. Camarade, l’amour t’a simplement ôté la vue ; prend le tel une mise en garde. Moi elle consume désormais de l’intérieur et me ronge pour mettre à nu mon faible cœur amoureux. Dans quelques minutes je ne serai plus que cendre et souvenir ; tu es probablement la dernière personne que je rencontre alors laisse moi t’aider. »

La mouche acquiesça et ouvrit grand ses oreilles.

« Ne te laisse pas dominer par tes sentiments, tu ne serais plus que le pantin d’un cœur tyran. Apprends à les maîtriser, à les contrôler. Si la beauté est dangereuse, l’amour l’est tout autant, il te tend une embuscade, se cache dans ton dos et te poignarde un jour par surprise. Tu ne comprends ce qu’il t’arrive que lorsqu’il est trop tard.

Je t’en prie, oublie cette folie de vouloir rejoindre le Soleil, ton sort serait semblable au mien. Ne crois pas que l’astre du jour puisse tomber amoureux de toi, ce serait un mirage, il n’est qu’une boule de gaz, une machine infernale qui produit sans cesse de l’énergie et de la chaleur. Retourne sur la Terre. »

Ykar se taisait, désormais plus que d’être perdue physiquement elle l’était mentalement. Toutes ces informations, ces conseils, ces réalités qui lui ouvraient les yeux, lui tombaient dessus beaucoup trop vite.

Alors, sentant son désarroi, l’étoile filante reprit la parole pour l’aider une dernière fois :

« Il paraît que sur ta planète bleue lorsqu’on voit un membre de ma famille traverser l’atmosphère et mourir on fait un vœu. Reviens sur Terre et réfléchis au souhait que tu aimerais le plus voir s’exhausser. Si tu le veux sincèrement et que tu y crois vraiment ; alors il deviendra réalité. »

La voix de l’étoile filante diminua ensuite lentement tandis qu’elle s’en allait laissant la mouche seule avec son amour inassouvi.

Petit à petit Ykar ralentit les battements de ses ailes pour toucher finalement de nouveau les pétales humides de sa fleur de campagne.

 

            Durant son aventure la mouche s’était endurcie ; elle avait réussi à oublier la faim et la fatigue cependant elle réalisait désormais  combien elle était épuisée et affamée.

Mais surtout au fond d’elle elle ressentait un grand vide, un effrayant abîme en extension.

« Est-ce cela la douleur, ce coup de poignard dont parlait l’étoile filante ? J’ai l’impression qu’il m’ôte lentement tout goût à la vie et qu’il me laisse exempt de tout désir. Mais s’il y a une chose qu’il ne peut m’enlever c’est mon admiration pour celui que j’aime. »

Soudain un sifflement retentit et les yeux d’Ykar s’illuminèrent car elle reconnut le doux murmure d’une étoile filante.

« Je fais le vœu de devenir une étoile. »

 

            Petit à petit, au fil des jours, la mouche recouvra des forces et bien qu’au début elle eut un peu de mal à trouver sa nourriture toute seule elle apprit ensuite à se diriger grâce à l’ouïe.

A chaque fois qu’un rayon de Soleil se posait sur ses ailes le gouffre s’agrandissait et l’absence en elle se faisait sentir toujours plus forte.

« Quel souhait irréalisable que de vouloir devenir une étoile, je suis une mouche, rien d’autre. J’embête les promeneurs quand je passe malencontreusement à côté d’eux, les animaux quand je me pose sur leur dos, et mon bruit strident est fuit par quiconque s’approche. Les étoiles sont recherchées par tous les grands Hommes, leur chaleur convoitée et leur lumière nécessaire à la vie ; je n’ai rien d’une étoile. »

Ykar s’imaginait déjà les rires moqueurs de ses amis et de sa famille si elle leur annonçait que son rêve était d’être une étoile.

Mais alors la voix d’un lointain souvenir chuchota à son cœur :

« Si tu le veux sincèrement et que tu y crois vraiment ton rêve deviendra réalité. »

Et soudain l’abîme s’arrêta de croître.

« Qu’importe si je ne deviens pas une « fabrique d’énergie « , qu’importe ma petite taille, qu’importe que tous médisent de moi ; j’ai envie de devenir une étoile.

J’ai envie qu’en me voyant les personnes sourient, j’ai envie de réchauffer leur cœur avec un peu de bonheur, j’ai envie d’être cette étincelle qui dans l’obscurité illuminera leurs yeux. »

Tout à coup dans la nuit une lumière apparut.

« J’ai envie d’aimer sans avoir peur de me consumer. »

C’était une faible clarté passagère qui s’éteignait comme une étoile filante…

« J’ai envie d’être aimé sans avoir à cacher ma flamme derrière un voile de peur. »

…mais qui se rallumait chaque fois comme un phare en pleine mer, comme un battement de cil, signal de vie.

« J’ai envie que l’on nomme cette catégorie d’étoiles celle des Lucioles »

 

This entry was posted on Mercredi, janvier 13th, 2010 at 22 h 27 min and is filed under Contes. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.

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  1. 1 On janvier 14th, 2010, Julien said:

    Coucou,
    la suite fut dure a attendre mais enfin la voilà, et quelle suite !! Jolie, très jolie suite :)
    Et tu y intègre ton « amour » pour l’astronomie. Ce texte est une métaphore entière et il est très bien écrit.

    Juste une toute petite faute je pense au tout début :
    « …le chemin le plus rapide pour se rendre jusqu’au Soleil ce dernier avait répondu… » j’aurais mis : cette dernière, car tu parle de la Lune :)

    A très bientôt,

    Bye bye

    Julien

  2. 2 On janvier 16th, 2010, talisman said:

    Salut,

    Je suis désolé de t’avoir fait attendre pour poster la suite, je pensais d’abord la mettre seulement une semaine après mais j’ai complètement oublié. Je suis contente qu’il t’ai plu.
    Je te remercie aussi de m’avoir fait remarquer cette faute, je l’ai corrigée.

    Bye,
    Talisman.

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