Les avions de Damas
Salut !
Ça y est je suis nancéenne ! Maintenant à chaque fois que l’on me demande d’où je viens je ne sais plus que répondre ^^ Paris ? Beausoleil ? Pourtant j’appartiens aussi à Marseille et la Bretagne.
A Nancy…il fait froid et pour rentrer chez moi j’ai l’impression d’être à l’autre bout du monde. Bon je me plains mais il y a des avantages à être en école d’ingé : il y a beaucoup moins de boulot (d’un côté ce n’est pas possible d’en avoir plus qu’en prépa). Néanmoins c’est étonnant comme on le remplit ce temps libre ! Jusqu’à manquer de temps !
J’ai quand même plus la possibilité d’écrire. Je vous présente alors aujourd’hui un texte écrit en septembre, à la suite d’un événement dont vous avez tous certainement entendu parler. Ce thème m’est venu de Jacky, que je remercie.
Bye et bonne lecture !
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Les avions de Damas.
Je refuse…
Ces mots que l’on nous dicte, crissement de la plume sur la feuille tandis que s’envolent des avions de papier. Ne les voyez-vous pas tourbillonner ? Ils portent sur leur dos les rêves d’enfants égarés.
Je refuse…
La ligne droite précédant le point, chemin rectiligne de nos vies ; le pliage à angle droit, copie conforme d’un modèle prédéfini. Les rêves donnent à l’avenir une courbe unique.
Je refuse…
La pluie tombant sur les feuilles et l’espoir qui glisse. Tous ces corps alignés, ces avions de papier. De leurs lignes coule de l’encre.
Je refuse…
Les pieds qui foulent les feuilles et froissent les rêves pour ne plus jamais les entendre voler. Comme il est doux le bruit des plumes caressant l’air ; et simple, lorsqu’elle est à terre, d’écraser la vie. Ils devaient avoir peur de ces oiseaux en papier pour que leur bottes soient, si vite, maculées d’encre.
Je refuse…
L’asservissement des consciences, ces regards qui se détournent du ciel pour se pointer sur le sol et nier l’existence d’un battement d’aile, d’un frémissement au fond d’eux même qui les appelle et les effraie : « Et si j’avais levé les mains, en coupe, pour les rattraper ? » Poussé par la tempête même la raison peut chavirer.
Je refuse…
D’accepter.
Je refuse…
De me taire.
C’était le 21 Août. Le jour de mes 20 ans et celui de la chute des oiseaux de papier.
C’était le 21 Août : je faisais la fête quand d’autres mouraient. J’ignorais. Suis-je pour autant moins coupable ?
Depuis vingt ans j’ai couvert des pages et des pages d’encre ; des feuilles et des feuilles qui ne savent pas voler, qui n’ont pas de vie. Peut-être autant que le nombre d’avions écrasés sur le sol. Comme ils sont lourds leurs corps inertes gorgés d’eau, presque autant qu’une plume gorgée d’encre sur laquelle repose le poids des responsabilités.
Qu’écrire ? J’ai oublié. La nuit tombe et je ne distingue plus les avions. A peine le frôlement de la plume, un battement d’aile surgi du passé.
A quoi bon graver l’horreur sur la feuille alors qu’elle est là, si proche et si loin, dans le crépitement des radios et les pixels des télévisions ?
Je refuse.
Ce sont des rêves que je veux écrire , un peu d’espoir à suspendre aux ailes des avions en papier. Je veux souffler avec ma plume, souffler si fort qu’un instant ils s’envoleront au dessus des nuages en pleurs, de l’autre côté de l’océan. Petite lorsque je me réveillais en sueur d’un cauchemar il y avait toujours dans mon cou le souffle chaud de ma mère, rassurant.
Tout cela n’est rien, juste un peu d’encre et une feuille. Mais peut-être que grâce à eux, si l’on m’entends, je pourrais donner vie à mes avions de papier.
Pour les voir s’envoler.
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