Souffle Mots

Luciole (3°partie).

1st janvier 2009

Luciole (3°partie).

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Salut !

Tout d’abord j’espère que vous avez tous passé un bon Noël ainsi qu’un bon réveillon. Pour ma part je l’ai fêté tranquillement avec la famille et une amie.

Je vous souhaite alors à tous une bonne année 2009 (ça me fait bizarre de l’écrire…), plein de bonheur et de réussite dans quelque domaine que ce soit.

Sinon à Marseille tout s’est bien passé et j’ai même réussi à trouver le temps pour écrire une nouvelle (et oui, où que je sois je suis obligée d’écrire…).

Néanmoins je vous présente aujourd’hui la troisième partie de Luciole, car vu qu’il y en a à peu près dix il faut bien avancer :)

J’espère qu’elle vous plaira et n’hésitez à me dire ce que vous en pensez, anciens ou nouveaux visiteurs !

Bye et bonne lecture.

1- Première partie          6- Sixième partie

2- Deuxième partie         7- Septième partie

3- Troisième partie         8- Huitième partie

4- Quatrième partie        9- Neuvième partie

5- Cinquième partie

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Luciole

    De nouveau je suis étendu sur le sol, seul. Lucie et le petit sont partis au village juste après manger. Pensif je tortille un brin d’herbe. Cela m’arrive souvent d’être laissé en tête à tête avec Etoile et cette solitude temporaire ne me gène pas. J’aime le calme.

Je me souviens quand je suis arrivé au phare à dix-neuf ans j’ai passé la première année sans la compagnie ni l’aide de personne. Alors lorsque Lucie est arrivée, au début je lui en ai voulu : c’était une intruse.

Mais elle m’a rapidement prouvé qu’elle était très compétente…ou alors c’est que je suis tombé sous son charme trop vite.

Je me lève. Je n’ai rien à faire aujourd’hui à part surveiller le feu de temps à autres et je décide de continuer mon projet.

Je l’ai commencé il y a dix ans et je le poursuis chaque été à mon temps perdu. Il se tient fièrement à cent mètres du phare, à l’écart de la mer, et il semble infirme ainsi posé sur son treuil. Tous les hivers je le rentre à l’abri mais en cette saison je ne le protège que par une bâche. Ce n’est qu’un modeste voilier de petit taille mais il est tout en bois et je le trouve magnifique, probablement parce que c’est moi qui l’ai conçu. Je ne lui ai toujours pas trouvé de nom pourtant il ne me reste plus qu’à le peindre.

Je vais dans le hangar derrière Etoile où sont entreposés les vélos grâce auxquels on se rend au village et les outils divers dont nous avons besoin pour réparer le phare.

Je prends un pot de peinture blanche et un large rouleau puis resort.

A deux heures de l’après midi j’ai fini.

Je vais me confectionner un sandwich dans la cuisine puis reviens près du bateau et m’allonge.

Ne croyez pas que je fainéante, je réfléchis : il faut bien que je lui trouve un nom.

Mon regard se perd dans le ciel bleu tandis que je me torture l’esprit. Soudain un nuage passe et j’ai une illumination : Nuage. Ce voilier sera comme un nuage dans l’océan du ciel. Je me lève alors et inscrit sur la coque, son prénom en bleu.


     « Alors ça s’est passé comment ? » Lucie vient d’arriver et je l’aide à rentrer son vélo.

« Il a juste un gros rhume. Pas de quoi s’inquiéter. Je l’ai déposé au poste de police et ses parents devraient venir le chercher en fin de matinée. »

Elle a les cheveux en désordre à cause du vent mais ils sont toujours aussi beaux. Ils me rappelent les tempêtes d’hiver, incontrolables et mystérieuses. Mais Lucie n’est pas tout à fait comme la tourmente : elle est très silencieuse. On discute peu, même à table, et ça me convient très bien vu que je ne saurai quoi dire.

Le premier soir de son arrivée elle m’a annoncé : « On efface le passé, nos origines, nos défaites et on reprend tout à zéro. A l’instant même j’appartiens au phare et l’erreur n’est plus permise, cela tant que je travaillerai ici. D’accord ? »

Quand elle parle c’est presque toujours du travail. Certains pourrait croire qu’elle n’a que cela en tête mais je pense plutôt que c’est une facade. En fait j’en suis sûr. Il suffit de regarder ses sourires complices, son regard malicieux ou sa lèvre inférieur blanchire d’inquiétude car elle se la mort trop fort.

Jamais Lucie ne m’a parlé de son enfance, et moi non plus, mais ça m’est égal car c’est Lucie au présent que j’aime et le passé ou le futur n’y changeront rien.

Nous entrons dans le phare et nous nous affalons dans les fauteuils.

« Tu as dit au docteur qu’il ne parle pas ?

 - Oui. Il a répondu que c’est probablement dû à un choc psychologique. »

Elle a de petits yeux et semble perdue dans un autre monde.

« Je n’y avais pas pensé, lui dis-je, mais d’un côté c’est évident : c’est traumatisant pour un enfant de passer une nuit seul dans la nature. »

Je pivote vers elle : « Ca va? »

Elle relève la tête et me sourit : « Je suis juste fatiguée. Toute cette animation au village, je n’y suis plus habituée. A croire que tu déteins sur moi. » Elle rit. Je souris.


     Soudain les graviers s’entrechoquent, des pneus crissent, des portes claquent. J’entends des éclats de voix, des ordres jetés à la volé, le bruit du matériel que l’on déplace, que l’on monte.

Sans plus attendre je sors du salon en courant, contourne le phare et m’arrête près du hangar.

Deux camionnettes sont garrées en bordure du chemin. Il y a bien une dizaine d’hommes et de femmes, des journalistes armés de micro, des reporters avec leur bloc de questions, des machinistes qui sortent des caméras, des perches et d’autres instruments que je ne connais pas.

Je sens une main se poser sur mon épaule. C’est Lucie.

« Désolé, je ne savais pas. »

Un homme s’approche tout en continuant de donner des ordres à droite et à gauche. Arrivé à ma hauteur il me fait un grand sourire:

« Bonjour, je suis journaliste et je travaille pour… »

Je n’arrive pas à entendre ce qu’il dit, ma respiration s’accélère et je transpire.

« …d’accord d’être interviewer pendant cinq minutes… »

J’entends Lucie répondre quelque chose. L’homme acquiesse puis fait demi-tour et crie : « Allez on se dépèche, on a une demi-heure pour boucler cet article ! »

Je tremble et ce n’est pas parce que Lucie est près de moi et qu’elle me tient le bras.

Une petite voiture s’arrête et une femme en descend. Elle est grande et robuste. « Dehors ou je t’enferme, je ne vais pas t’attendre ! » Elle a le visge dur et une voix grave.

Un enfant sort tête basse. Sa mère le prend par la main et se dirige vers nous.

« C’est lui. » Me murmure Lucie. Sur le coup je ne le reconnais pas mais quand il relève le menton il me sourit, et chaque sourire est unique.

« Alors petit. » Il se jette dans mes bras.

« Mikaël, reviens ici tout de suite. » La femme se tourne vers moi : « Je m’excuse monsieur, il n’obéit jamais et n’en fait qu’à sa tête. Mais je vous remercie de l’avoir sauvé. Il ne m’a pas écouté et il s’est perdu. » Elle lui agrippe le bras : « J’espère que ça te servira de leçon. » L’enfant acquiesse.

« Où est son père ? demande Lucie près de moi.

 - A Paris. Il y a quatre ans il m’a quitté me laissant m’occuper du gosse seule. Il travaille beaucoup et n’a jamais le temps de voir son fils. » Sa voix est froide tout comme son regard.

Soudain l’équipe de tournage m’encercle, une caméra devant, un preneur de son à droite, une perche au dessus de moi et un journaliste à ma gauche. Lucie s’écarte…

« Nous allons interviewer Monsieur Erwan… »

Je ferme les yeux pour me calmer.

« Pouvez-vous nous raconter comment vous avez sauvé cet enfant ? »

J’ouvre les paupières. Ils sont tous autour de moi, ils me fixent.

« Monsieur ? »

Je craque.

Je fais volte-face et fuis vers Etoile tout en bousculant deux personnes sur mon passage.

Autour de moi le brouhaha est infernal, des mains essayent de me retenir, d’autres s’écartent apeurées.

J’ai la tête qui tourne. Au loin j’entends la voix de Lucie; elle doit surement leur expliquer.

J’entre dans le phare et claque la porte derrière moi.

Enfin le silence. Je souffle. Même si le calme n’est pas parfait, ça y ressemble. Je me laisse glisser contre le mur et m’assoie.

Il faut que j’essaie de me calmer mais ce n’est pas facile. Je regarde autour de moi et me raccroche à chaque élément familier. La petite lampe posée près de mon fauteuil, la maquette de bateau sur le buffet, la table basse soutenant nos deux verres d’eau…

La poignée de la porte bouge.

« Qui-est-ce ? » Pas de réponse. J’inspire un bon coup, me lève et vais ouvrir. J’ai confiance en Lucie elle n’ameutera pas les reporters devant le phare, elle me connaît.

Lentement le visage interrogateur du petit apparaît. Il me fixe. Je le fais entrer et referme la porte derrière lui.

De nouveau je m’adosse au mur et le serre contre moi.

« Alors comme ça tu te nommes Mikaël. » Il acquiesse.

« Moi c’est Erwan. » L’enfant pose sa tête sur mon épaule et je lui caresse les cheveux. Au bout d’un moment il se lève et pointe du doigt la porte.

« Non Mika, je ne sortirai pas. » Son regard me questionne.

« Je suis ochlophobe. J’ai peur de la foule, et c’est l’unique réponse. »

Il cligne des yeux puis repart comme il est venu. J’enfouis alors mon visage dans mes mains tremblantes. J’ai honte.

 

This entry was posted on Jeudi, janvier 1st, 2009 at 17 h 20 min and is filed under Récits. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.

There are currently 6 responses to “Luciole (3°partie).”

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  1. 1 On janvier 1st, 2009, Julien said:

    Coucou, bonne et joyeuse année pour toi et tous tes proche tout d’abord, plein de réussites pour cette nouvelle année :)

    Je vais être franc, j’accroche moins sur cette suite, j ne m’attendais pas du tout à ça, mais je vais voir les prochains chapitre bien entendu.
    Peut être que le conte précédent m’a tellement subjugué que du coup « Luciole » me parait un peu moins bien.
    J’espère ne pas t’offenser dans ma remarque.

    Bye et à bientôt :)

  2. 2 On janvier 2nd, 2009, talisman said:

    Salut,

    Merci et bonne année à toi aussi. Je te souhaite une bonne santé et du bonheur :) .

    Ne t’inquiètes pas, les critiques comme bien souvent je le répète ne me gène pas au contraire, si elle permette de me faire progresser je les apprécie.
    Tu t’attendais à quelque chose de particulier ou non dans la suite ?
    Et tu accroches moins sur cette suite à cause d’un élément ou c’est l’ensemble ? Enfin, si t’arrives à trouver ce qui t’a déplu, je suis ouverte :) .

  3. 3 On janvier 2nd, 2009, Julien said:

    Coucou.
    Il y a trop de phrases « courtes » qui se suivent à mon gout et les dialogues ne sont pas trop accrocheur (toujours pour moi) Mais je ne suis pas un prof ou autre comme déjà dit, donc mes critiques sont purement personnelles :)
    Pour la suite je m’attendais plus à un rapprochement des deux héros avec l’arrivée du gamin mystère. Pas qu’il allait être si rapidement ramené à sa mère. Mais après c’est toi l’auteur et c’est ton récit :) Chacun pourrait faire une suite a ses envie =)

    Bye et bonne journée :)

  4. 4 On janvier 5th, 2009, dédé said:

    Bonjour Talisman,

    Le début du texte démontre l’amour que porte Erwan à son étoile. Il s’est approprié le phare, et ne tient pas à le partager avec Lucie.
    Solitaire, le gardien construit son voilier avec passion. Le baptême de ce dernier est décrit avec poésie. « Nuage” sera beau sur l’océan bleu.
    L’amour que porte Erwan à Lucie est pur, respectueux et contrôlé.
    Puis l’arrivée des médias fait peur au gardien du phare. En effet, celui-ci souffre d’oclophobie, et craint les bains de foule.
    Le récit est très imagé par des moments de peur, d’amour, de solitude que la narratrice dépeint avec talent.
    Le texte est d’une grande sensibilité lors du contact d’Erwan avec l’enfant ( passage un peu court, à mon goût ).
    L’auteur est très plaisant à lire.
    Bye.
    dédé.

    PS; Excuse-moi pour le doublon.

  5. 5 On janvier 7th, 2009, Patrick said:

    Bonjour Talisman et excuse moi pour passer tardivement sur ton site où j’aime tant venir…
    Je te souhaite une excellente année 2009 et surtout fais un voeux : que tout ce que tu entreprendras, que tout ce que tu souhaiteras, que tes désirs et aspirations aboutissent et te réjouissent.
    que l’inspiration soit toujours là (mais à ce propos, je ne m’inquiète guère…).
    je viendrai rattraper le retard accumulé dans mes lectures prochainement.
    je t’embrasse
    PAT
    PS : Marseille sous la neige c’est comment ?

  6. 6 On janvier 10th, 2009, talisman said:

    Bonjour Dédé et Patrick,

    Merci à vous deux pour vos commentaires et bonne année Patrick, j’avais, et j’en suis désolée, oublié de te le souhaiter. J’espère en particulier pour toi que ton édition avancera bien et vite et que tu en seras satisfait. Mais ayant lu ton dernier article je pense que ton vœu s’est déjà réalisé…bravo !
    Marseille sous la neige…je ne l’ai vu qu’à travers des coups de téléphone :(
    Je suis partie une semaine trop tôt…

    Bye,
    Talisman

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