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Vent divin

17th mars 2010

Vent divin

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Salut,

Je vous présente aujourd’hui une nouvelle que je voulais tout d’abord écrire pour un concours sur le thème des insectes mais je crois que j’ai un peu dérivé. L’idée m’est venue avec une image, toutes ces lignes sont là pour la décrire.

Quand j’ai écrit j’étais en train de lire La Condition Humaine de Malraux, je ne sais pas si on peut dire que cela m’a un peu inspiré…

Surtout n’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !

Bye et bonne lecture.

 

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Vent divin

 

     Dans l’obscurité de la pièce immobile un cœur battait. Fébrile, ténu, bien que vivant; à peine une légère vibration dans l’immensité. Nul ne savait que cette âme existait, mais bientôt ils le sauraient…

 

     Un dernier signe de la main. Le dos droit, le menton haut, il ne tremblait pas. Il aurait préféré. Son corps tout entier n’était que résignation et soumission. Sur son visage ne subsistait aucun signe d’espoir, même pas un peu de tristesse dans laquelle il aurait pu puiser quelques forces. Son regard était vide, pas une larme ne perlait au coin de ses yeux. Pour se protéger il avait banni tout sentiment, toute haine; écarté ses souvenirs, ses projets.

Cependant il continuait de fixer le général devant lui qui lui faisait signe d’entrer dans l’avion : il n’était plus qu’un insecte pris au piège dans la toile de l’État.

 

     Un cœur souffrait , blessé par sa solitude. Un corps gémissait, déchiré par l’adversité. Le papillon rampa jusqu’au bord du meuble, traînant avec lui son aile fragilisée.

Arrivé au rebord de vette falaise, l’insecte rassembla tout le courage qu’il possédait, se redressa et sauta.

La journée bientôt touchait à sa fin.

 

     Il venait d’être majeur, il n’avait encore jamais eu de petite amie; mais il savait piloter le DI-115. Il s’assit dans le cockpit, alluma le moteur. Un agent de l’État entra, lui transmit les mises à jour des coordonnées du bateau, repartit.

Le jeune homme ferma les yeux. Il était fatigué, il n’avait pas dormi de la nuit. Il avait voulu vivre jusqu’à la dernière minute, courir dans les champs comme lorsqu’il était petit pour attraper les papillons.

Le matin se levait lorsqu’il démarra. L’avion fut pris d’une secousse et partit à toute allure.

Un papillon s’envolait.

     Ses ailes frappaient l’air mais il continuait à chuter. Il ne contrôlait plus ses mouvements et le sol se rapprochait. Une lumière venait de s’allumer brutalement au dessus de lui, l’aveuglant momentanément.

L’insecte n’était plus qu’une toupie, fendant l’air et le temps, un danseur aux couleurs de la nuit tentant un dernier saut périlleux.

 

     La machine filait vers le navire, immense sur l’eau; elle ne formait plus qu’un avec son pilote. Soudain le jeune homme baissa la manette de commande et l’avion piqua du nez. En quelques secondes il se transforma en torpille, châtiment divin tombant du ciel, guidé par un ange déchu. Tout autour du DI-115 l’air vibrait; était-ce pour cette raison que son pilote tremblait tout à coup ?

Un avion s’écrasa sur sa cible et sur la piste de décollage tous applaudirent.

Une larme tomba dans l’océan et une centaine d’autres déjà sacrifiées l’accueillirent.

 

     «Maman, regarde ! J’ai attrapé un papillon !»

Au milieu de la pièce, au creux des mains d’un enfant, le cœur d’un éphémère battait.

 

This entry was posted on Mercredi, mars 17th, 2010 at 14 h 01 min and is filed under Nouvelles. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. You can leave a response, or trackback from your own site.

There are currently 7 responses to “Vent divin”

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  1. 1 On mars 17th, 2010, Julien said:

    Coucou,
    très beau texte, toujours et encore triste, mais c’est ton style :)
    J’aime bien, bien écrit, c’est prenant et on a envie de lire encore et toujours ce que tu nous « ponds ».

    Continue :)

    Byebye, bises

    Julien

  2. 2 On mars 23rd, 2010, alexis said:

    très emouvant et très jolie mais un peut trop triste pour moi

  3. 3 On mars 25th, 2010, Sara said:

    coucou julie, c sara. je suis allée faire un petit tour sur ton site par curiosité et jvoulais te dire que son concept me plait pas mal. j’aime beaucoup ce type d’initiative :) je savais pas que tu ecrivais aussi. Il est certain que tu as un style propre a toi même, j’ai juste lu vite fait quelques uns de tes ecrits. c bien mais pourquoi sont ils tous triste? dans celui j’aime bcp ta dernière phrase , je trouve la chute très reussie. en tout cas continue, c bien de pourvoir s exprimer ainsi

  4. 4 On mars 25th, 2010, talisman said:

    Salut Sara,

    Merci d’avoir été voir mon site, cela me fait plaisir.
    Tu as raison, la plupart de mes textes sont tristes bien que tous ne le soient pas (exemple : L’aube des étoiles). Si c’est ainsi c’est simplement que, d’abord, je ne peux pas écrire de poème si je suis heureuse et ensuite que je trouve toujours plus émouvant et frappant les récits tristes. Ça doit venir en grande partie du caractère et peut-être du fait que dans un des premiers livre que j’ai lu quand j’étais petite, le héros mourait seul dans le froid. Ça m’avait beaucoup marqué et probablement que, si je m’en souviens encore, cela m’a influencé.

    Bye,
    Talisman

  5. 5 On mars 26th, 2010, Julien said:

    Quel était ce livre que tu as lu étant petite ?
    Je comprends le fait que tu ne puisse pas écrire quand tu es heureuse. C’est souvent quand on est en colère, triste, dégouté ou quand on a la haine que les phrases les plus « belles » sortent. Mais ça engendre très souvent des texte sombre.
    Personnellement, quand j’écrivais, je ne pouvais pas trop écrire de texte joyeux, ou alors ils étaient mauvais, j’arrivais plus facilement à décrire une scène de crime ou un paysage lugubre et sombre que de faire une histoire tendre.

    Mais ce que tu écris est bon, vraiment bon, quelque soit le thème, alors continue encore et encore :)

    Bizoux

    Jul

  6. 6 On mars 27th, 2010, talisman said:

    Je ne me souviens plus quel livre c’était, je devais avoir 7 ou 8 ans quand je l’ai lu…
    Je te comprends lorsque tu dis que c’était plus facile d’écrire une scène de crime, rien que l’idée m’attire plus.
    Bye,
    Talisman

  7. 7 On mars 29th, 2010, Alain said:

    Cette nouvelle est excellente !
    La comparaison entre la chute de l’avion et celle du papillon aux ailes frémissantes est très réussie.
    L’ensemble dégage une jolie poésie. J’aime la phrase : « Une larme tomba dans l’océan et une centaine d’autres déjà sacrifiées l’accueillirent. »
    Bravo.

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