Souffle Mots

Les gardiens de lumière.

18th septembre 2008

Les gardiens de lumière.

Salut !

Bah voilà, les cours ont repris et comme vous pouvez le remarquer, je suis un peu à la bourre pour cet article.

Il faut dire qu’avec la reprise des cours, toutes mes activités ont recommencées, le rythme s’est accéléré pour moi alors, je cours pour aller à l’escalade, pour revenir du chant…

Je me plaît beaucoup au lycée, nous avons plus de liberté. En SVT on fait de l’astronomie, je me régale !

Je vous présente aujourd’hui un poème et plus précisément un sonnet. Peut-être que je le modifierai un peu plus tard pour rajouter un morceau, je vous le dirais si cela arrive.

N’hésitez surtout pas à critiquer,

Bye et bonne lecture !



Les gardiens de lumière

 

Erigés par la main, dirigés par l’esprit,

Mi-monstre, mi-Dieu, dans un dessein unique.

Mais nous l’avons oublié – N’est-ce donc pas typique -

Ce message même; si durement appris.

 

Fiers géants de métal ancrés dans la pierre,

Vers la lueur des villes il baissent leur regard

Eteint. Mais quand nos coeurs un sombre jour s’égarent,

Près des lampadaires renaît la lumière.

 

Ô pylônes divins, devant l’espèce humaine,

Vous brandissez la foudre arpentant vos veines;

Pour éclairer l’esprit des créatures de chair :

 

« Gardez la lumière, c’est le plus important,

Car de tous les Soleils nul n’est aussi éclatant,

Que le doux sourire d’un être cher. »

 

 

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4th septembre 2008

Mes lectures de l’été. (1/2)

Salut !

Dans quatre jours je reprends les cours…ça va je m’y suis fait. De toute manière je commence à tourner en rond et je ne sais plus que réviser.

J’ai une foule de textes à vous montrer, enfin, disons plutôt une histoire divisée en de nombreuses parties comme le gland. Le gros problème est que je n’ai pas encore trouvé de titre et que je n’ai toujours pas écrit l’épilogue du conte….

Alors je vais vous parler aujourd’hui d’une partie des livres que j’ai lu cet été.

Bonne lecture, de mon article, et peut-être des livres !

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Je vais vous les présenter dans l’ordre chronologique dans lequel je les ai lu.

Voici la première moitié, la seconde suivra plus tard

 

1- Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part de Anna Gavalda.

    Ce livre est un recueil de nouvelles qui attire dès la lecture du titre. Pourquoi ? Parce qu’un on a tous voulu que ça nous arrive un jour. Cette phrase décrit à merveille les désirs simplistes des personnages, tous différents, mais tous emplis d’espoir.

On entre facilement dans chaque nouvelle grâce à une description précise du protagoniste, de sa routine, de ses envies et de ses habitudes ce qui fait que chaque chute nous touche un peu plus car, en plus, ils nous ressemblent : banal, normal…

Presque toutes ses histoires parlent d’amour. C’est un phénomène universel et nous ne pouvons que ressentir de la compassion ou de l’enthousiasme face aux problèmes ou aux réussites des personnages.

De plus j’ai apprécié le fait que ce soit des nouvelles car nous pouvons en lire une sans nous arrêter et le lendemain s’attaquer à une autre. Cela évite toute coupure au niveau de l’intrigue. Nous entrons et nous en sortons, c’est tout.

Voici le titre des différentes nouvelles :

  1. Petites pratiques germanopratines
  2. I.I.G.
  3. Cet homme et cette femme
  4. The Opel Touch
  5. Ambre
  6. Permission
  7. Le Fait du jour
  8. Catgut
  9. Junior
  10. Pendant des années
  11. Clic-clac
  12. Epilogue

 

2- Le club du suicide de Robert Louis Stevenson

 Ce livre du célèbre auteur anglais se compose en trois parties toutes reliés :

- Histoire du jeune hommes aux tartelettes à la crème.

- Histoire du docteur et de la maille de Saratoga

- Aventure du fiacre.

L’intrigue se déroule autour de trois personnages différents en fonction de l’histoire, mais tous ont un lien quelconque avec les protagonistes de la première partie : le prince Florizel et son compagnon le colonel Geraldine. Tout deux vont être conviés, alors qu’ils cherchaient aventure, à un terrifiant jeu de cartes…

Tout le long le suspens est présent et dès la seconde partie, les questions affluent : quel rapport avec Florizel et le Club du suicide ?

J’ai bien apprécié ce livre, divertissant et prenant, dont le style et l’époque sont complètement différente d’ Anna Gavalda.

 

 

3- Chagrin d’école de Daniel Pennac.

 

Après La petite Marchande de Prose que j’avais adoré, j’étais bien décidé à poursuivre mes lectures avec l’humour de Pennac.

Mais ce livre n’est pas doté du même humour que le précédent, bien qu’il nous fasse plusieurs fois sourire et que la quatrième de couverture nous montre un bulletin aux appréciations hilarantes.

L’auteur parle dans ce livre de son enfance en tant qu’un "élève cancre" mais aussi de sa vision actuelle de l’élève en tant que professeur qui tente de leur donné goût à l’apprentissage. Il critique également le système éducatif en général.

Il nous expose donc ce problème en tant qu’acteur et en tant que spectateur.

Il le décrit à travers des dialogues entre lui et ses élèves ou bien par la description des sentiments ressentis au long de son enfance.

Je conseillerais ce roman à tous, en particulier aux "cancres", pour vous ce livre sera une bouffée d’espoir et une  bouée de sauvetage, aux professeurs ou ceux qui voudraient le devenir, car même si vous dispensaient l’enseignement, il faut aussi savoir apprendre à s’occuper des faibles et non des premiers de la classe.

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21st août 2008

Le gland qui voulait devenir grand ! (6° partie et dernière)

Salut !

« Pourquoi elle poste ? D’habitude c’est toute les deux semaines… » vous dîtes vous peut-être. Mais voilà, pour un jour particulier, un article spécial. Je vous montre alors la fin du gland (au sens propre ou figuré, à vous de voir en lisant…).

Cette semaine j’ai fait de la plongée et ce matin j’ai obtenu mon dauphin d’or et ma qualification palanquée !

Hier je suis allée à une conférence d’astronomie, ça faisait longtemps, ça me manquait… Et lorsque minuit arriva et que l’on passa du 20 au 21 août, une pensée me trottait dans la tête : j’ai quinze ans !!

Bonne lecture !

Bye

  1. 1ere partie
  2. 2nd partie
  3. 3eme partie
  4. 4eme partie
  5. 5eme partie
  6. 6eme partie

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Le gland qui voulait devenir grand ! (6° partie et dernière)

    Pendant qu’une petites poignées d’hommes, de femmes, d’insectes, d’animaux, meurt; des milliers naissent, et des milliards vivent sans rien savoir la plupart du temps de ce qui ce trame autour d’eux. A chaque minute, des milliers de gland tombent de leur arbre en rendant leur dernier souffle. A chaque minute, des milliers d’arbre tombent, tuant des milliers de gland. Mais ils sont tellement nombreux que le plus souvent on ne leur accorde même pas une pensée, même pas un Adieu.

    Notre petit héros était là, étendu sur le sol, sans vie, tel des millions de feuilles, tel des milliards de gouttes d’eau s’étant jetées à corps perdu hors de leur nuage.

Heureusement lui, cet enfant, il avait eut le droit à son Adieu, cet instant d’attention semblable à celui que l’on accorde à un bébé avant qu’il ne s’endorme. C’était exactement la pensée qu’avait en ce moment l’abeille, assise aux côtés du gland, en deuil.

Elle pleurait. De petites larmes qui couvraient le sol telle la rosée du matin. Oui; même les abeilles pleurent. On ne le remarque jamais, mais elles savent pleurer. Les pierres aussi pleurent quand on les piétine. Certains diront qu’elles n’ont pas de coeur, que c’est impossible. Mais elles pleurent. Des copeaux de roche très vite emporté par le vent.

Et le sable? Direz vous, pleure-t-il telle les abeilles ? Eh bien non. Le sable ne pleure pas. Il n’est que les larmes des pierres, arrosées de temps à autres, gonflés par la tristesse et le chagrin de certaines abeilles.

Il commençait à faire nuit. L’insecte se leva alors et déplia ses courtes ailes, prêtes à reprendre son envol. « Pas Adieu cette fois mon p’tit. Non; Au revoir. »

 

    Il pleuvait fort et le vent tourbillonnait rendant la tâche des quelques personnes présentes autour du gland encore plus pénible. Il y avait là une araignée, un peu en retrait des autres, qui maudissait le ciel et le rendait responsable de la scène qu’elle avait sous les yeux. Tous la regardaient, étonnés par ses gestes et ses paroles incompréhensibles.

Dans cette petite assemblée rassemblant toutes les personnes que le gland avait rencontré durant son aventure, seul deux papillons se connaissaient. C’était visiblement un couple car ils rayonnaient de bonheur au simple regard de l’autre.

L’un d’eux, sa compagne au bras, discutait avec l’abeille : « Tout est de ma faute…si seulement j’avais su. Quand je suis sorti de mon cocon, je m’attendais à voir le gland assis près de moi tel je l’avais…. » Il ne termina pas sa phrase, un sanglot le parcourant. Sa femme le serra contre elle avec affection : « Ne t’inquiète pas mon chéri, tu n’y es pour rien. Tu ne pouvais pas imaginer qu’une mouche serait capable de…de le…enfin tu me comprends…. « 

L’abeille coupa court à leur lamentations : « Alors mon grand, comment-t’en es tu sorti ?

  • Je ne sais pas vraiment, j’ai juste une vague idée.Vois-tu, quand je me suis réveillé, je n’étais plus accroché à la branche, comme j’aurai dû l’être, mais mon cocon était appuyé sur la dépouille d’une mouche. Je ne sais pas comment c’est arrivé, mais je crois bien que c’est moi qui l’ai tuée. »

Sa compagne déclara ensuite : « Je n’ai pas eu la chance de connaître ce gland mais je lui dois beaucoup. Sans lui, jamais je ne t’aurais connu mon amour. » Elle embrassa alors son mari tendrement.

 

    La nuit était tombée et le groupe n’était éclairé plus que par les lueurs de la Lune. Depuis le début de l’après-midi où avait été fixé le rendez-vous, tous n’avaient fait que reporter, par des raisons parfois saugrenues, l’heure où ils devraient enterrer leur ami. Mais les choses, aussi douloureuses soit-elles, doivent être accomplies, que ce soit un peu plus tôt ou un peu plus tard.

Chacun prit une grande bouffée de l’air frais du soir et réunirent tout leur courage pour les tâches respectives qu’ils devaient accomplir.

Tout d’abord l’ Araignée embauma de son fil divin la dépouille de l’enfant.
Ensuite les trois autres compères élevèrent le gland dans les cieux, battant vigoureusement de leur courtes ailes, puis le déposèrent dans la petite fosse conçue à cet effet.

Finalement, chacun jeta un morceau de terre dans le trou, recouvrant petit à petit le corps blanc et froid de leur ami.

La Lune était au dessus d’eux et semblait veiller sur cette petite troupe. Soudain une étoile filante passa dans le ciel. Etait-ce les larmes de notre satellite ?

 

    Chaque héros a le droit à la reconnaissance.

Chaque héros, aussi petit soit-il, reste dans notre mémoire.

Et si un héros a un grand coeur, empli de compassion et d’amour, alors son corps aussi deviendra grand.

 

    Il était une fois un grand chêne…

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14th août 2008

Le gland qui voulait devenir grand ! (5° partie)

Salut !

La semaine dernière je suis partie à Marseille, c’était super. Malheureusement c’est fini et me voilà de retour chez moi avec un livre d’anglais à lire…même en vacance on a des devoirs, c’est incroyable !

Je vous montre aujourd’hui la 5° partie du conte. J’espère que ça vous plaira.

Bye et bonne lecture !

  1. 1ere partie
  2. 2nd partie
  3. 3eme partie
  4. 4eme partie
  5. 5eme partie
  6. 6eme partie

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 Le gland qui voulait devenir grand ! (5° partie)

 

    Le gland avançait au rythme de la chenille, c’est à dire millimètre par millimètre. Au bout d’une demi-heure ils arrivèrent au pied d’un petit arbre, un mimosa qui avait plutôt la forme d’un buisson bien touffu couvert de petites fleurs jaunes tel la galaxie de soleils.

Au sol il n’y avait rien : Le vide naturel. Seul trois brins d’herbe recouvraient la terre nue. Le gland n’aimait pas cela, ce désert, ce débris de vie l’effrayait. Instinctivement il fit un pas en arrière. La chenille se retourna et regarda l’enfant les sourcils froncés :

« Qu’y a-t-il ?

  • Rien … rien. »

Le gland dévisagea l’arbre de bas en haut et murmura avant de s’élancer à l’assaut du tronc aidé par la chenille: « Finissons-en. »

 

    L’ascension terminée, la chenille se pendit la tête en bas à une branche basse tandis que le gland s’asseyait sur cette dernière. L’enfant observa le paysage autour de lui. Cela faisait un moment déjà qu’il n’avait plus bénéficié de la protection d’un arbre ni du bonheur de dominer le monde de sa petite taille et ce souvenir lui arracha un léger sourire. La chenille se balançait selon son bon vouloir en admirant, l’air béa, l’ange multicolore qui s’était posé sur une pierre grisâtre pour chauffer ses ailes aux doux rayons du soleil.

« Qu’attends-tu ? S’exclama le gland, impatient.

  • Je profite de mes derniers instants de vie. Peut-être ne la reverrais-je plus jamais … »

Une larme glissa et chuta sur le sol aride arrosant ce désert d’un peu de tristesse. Le gland se rapprocha de son ami :

« Ne dis pas de telles choses je t’en prie. J’ai dit que je t’aiderai et je le ferai. Je sais que je ne suis qu’un enfant impulsif et entêté, mais pour une fois, regarde seulement l’ami qui est en face de toi : Fais moi confiance. »

La chenille d’une petite pulsion se redressa :

« On dit qu’aimer donne des ailes; je l’espère. Mais si je viens à ne jamais me réveiller je voudrais te remercier pour tout ce que tu as fait. Sache que je ne t’oublierai jamais : tu es un gland en or. »

Le sourire de l’amoureux disparu alors lentement derrière le voile du cocon que la chenille tissait, résignée.

 

    De nouveau l’enfant se retrouva seul. Son regard se promena dans la nature. Il tomba tout d’abord sur le rondin où il avait rencontré son ami puis il remonta le chemin jusqu’aux restes de la fleur que lui et l’abeille avait saccagée. Que devenait-elle ? Finalement ses yeux s’égarèrent sur la toile de l’araignée littéraire qui retint son attention. Où pouvait-elle bien se dissimuler en l’attente d’une future proie ?

Tandis que son esprit retournait progressivement à son corps, son regard passa sur un chêne :

« Maman … un gland en or, tu as entendu ? C’est grâce à toi. Si je n’avais pas sauté je serais resté un enfant égocentrique et fénéant. Il y a néanmoins quelque chose qui m’échappe. Je pense avoir grandi mentalement et avoir attendu assez longtemps, mais Maman, c’est quoi un « but »?

Soudain le vent se leva et l’enfant se recroquevilla sur lui même pour ne pas avoir froid. Un instant il crut entendre sa mère lui répondre mais bien sur se dit-il, c’était impossible.

Le gland était fatigué, une journée entière qu’il n’avait pas fermé l’oeil, lui qui, d’ordinaire, aimait tant cela. C’est alors qu’il se souvint de sa promesse : surveiller. Il regarda autour de lui : Rien.

Il souffla, soulagé. Mais au même moment il perçut un grésillement. Il leva brusquement la tête et scruta l’horizon, inquiet : une mouche arrivait.

Elle n’était pas très grande, de la taille du gland tout au plus et sa figure était mangée par deux grands yeux rouges rivés sur le mimosa. Elle avait des ailes translucides très fines qui la propulsait au devant de l’enfant. Ce dernier se leva sans attendre, arracha à la branche un petit bout de bois de la taille d’un cure-dent qu’il agrippa à l’aide de ses deux mains. La mouche fonçait vers l’arbre à pleine vitesse. Elle n’avait pas encore remarqué le gland posté sur la branche tel un chevalier brandissant son épée. Quand elle le vit il était trop tard.

 

    La vitesse était trop grande et le vent dans son dos trop puissant. Elle tenta de freiner. Baissa les ailes. L’enfant était devant elle, et la considérait comme une ennemie : elle voulait pondre ses oeufs dans le cocon. La mouche tenta de dévier sa trajectoire, d’éviter le choc. Elle ne le pu.

Tel un chevalier combattant un puissant dragon, le gland, armé de son épée, transperça les ailes de l’insecte de part en part. Puis, d’une détente prodigieuse l’enfant, roula à l’extrémité de la branche pour éviter l’insecte qui alla s’encastrer dans le cocon faisant tanguer dangereusement ce dernier.

Le gland respira profondément afin de calmer les battements de son coeur qui, en ce moment ressemblait plutôt à un marteau-piqueur.

Pour la mouche, le choc aurait dû être mortel, mais les mères disposent d’un bouclier capable de les protéger aussi bien du froid que de la faim ou de la douleur, tant qu’elle porte leur enfant. Certaines seraient prêtes à tout pour sauver leur progéniture. La mouche était de celle là. C’est pourquoi elle se releva et se tourna vers le gland, cette chose infime qui avait failli la tuer, elle et ses oeufs. En réalité ni l’un ni l’autre ne combattait pour sa propre vie ; la mouche pour ses enfants, le gland pour son ami. Néanmoins, tout deux étaient animés par la même force : l’amour.

    D’une brusque initiative l’insecte projeta tout son corps en direction de l’enfant. Le boulet de canon arriva sur notre héros sans prévenir et manqua de le faire passer par dessus bord. Il se retint vaillamment à la branche, sa coquille pendant dans le vide. De nouveau il se hissa sur le rameau et fit face à la mère.

Dans sa chute il avait perdu son épée et il fallait se rendre à l’évidence : c’était peine perdue de combattre une mouche à main nue. Mais il n’abandonnerait pas, jamais.

 

    Il était sur ses gardes, n’osant pas détourner son regard de peur qu’une attaque surprise ne le prenne à revers. La mouche était à moins d’un centimètre de l’enfant et se rapprochait dans l’espoir de le coincer, mais ce dernier, effrayé, reculait sans cesse.

Soudain il rencontra quelque chose derrière lui qui se mit à bouger. Instinctivement il fit volte-face pour voir ce que c’était : le cocon.

Trop tard. Grossière erreur.

D’un puissant coup de patte la mouche déstabilisa l’enfant. Il ressentit une violente douleur, ses pieds qui glissaient, le bruit inconnu de quelque chose qui se casse, le cri de l’insecte, et soudain : plus rien.

Le gland tombait.

Il tombait à une vitesse phénoménale.

Il tombait tel il l’avait fait chaque fois.

Il tombait, emporté par son poids.

Il tombait sans pouvoir s’arrêter.

 

    C’était la troisième fois mais c’était une « fois » très différente. C’est vrai; si l’on comparait les phénomènes scientifiques et naturels, cette chute était semblable aux autres en tous points. Mais pour que la comparaison soit totale, il faudrait également prendre en compte un autre critère que l’on appellerait : phénomènes du coeur.

Cette fois-ci, le gland ne tombait pas à l’aveuglette. Au fond de lui il savait tout; il savait ce qui l’attendait. Il savait qu’au sol il n’y avait rien pour stopper sa chute, que ce n’était qu’un désert où viendrait bientôt se mêler ses ossements.

Il savait qu’il avait échoué dans sa tâche, que la chenille allait périr par sa faute, par son manque de prudence, parce qu’il avait fait une promesse qu’il ne pouvait pas tenir.

Mais surtout, il savait qu’il ne reverrait jamais plus ses amis; la chenille, l’abeille, l’araignée…et sa mère. Il était toujours dans les airs et n’avait pas encore touché le sol mais déjà ça lui faisait mal, plus mal que la fissure dans son dos, plus mal que tout.

 

    Le sol se rapprochait inévitablement et même si le gland savait tout, cela ne l’empêchait pas d’avoir peur. Il ferma les yeux. L’enfant avait imaginé une mort brutale, rapide, mais il en fut tout autre.

Il tomba au sol dans un bruit mat que seul la nature put percevoir. Dans son dos, telle une lâche attaque, sa fissure s’ouvrit laissant échapper la vie.

« Je vais enfin pouvoir dormir…une grasse matinée à n’en pas finir. »

Tandis qu’il sombrait lentement dans le sommeil, une légère brise caressa son corps.

Se rappelant sa mère il murmura dans un dernier souffle de vie : « Maman…tu sais…j’ai enfin trouvé mon but : protéger ceux que j’aime. »

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30th juillet 2008

Le gland qui voulait devenir grand ! (4° partie)

Salut !

Voici plus d’une semaine que je suis rentrée de Bretagne (dommage) et je ne me suis pas ennuyée. J’ai notamment participé à la réalisation d’un court-métrage avec toute une équipe…je vous le montrerai sûrement.
Mais là n’est pas le sujet.

Sinon, j’ai terminé l’histoire du gland ! Mais il vous faudra encore attendre trois posts pour connaître la fin (hihi).

J’espère que cet épisode vous plaira, n’hésitez pas à critiquer : je veux progresser ! (oui…l’Araignée aurait dit: "conditionnel s’il te plaît"…mais qui dit que j’étais adulte lol…d’accord je m’égare.)

Bye et bonne lecture :)

  1. 1ere partie
  2. 2nd partie
  3. 3eme partie
  4. 4eme partie
  5. 5eme partie
  6. 6eme partie

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Le gland qui voulait devenir grand (4° partie)

 

    Pour la première fois depuis son départ le gland se retrouva seul. Il est vrai que depuis qu’il avait quitté le nid il n’avait cessé de faire des rencontres; et maintenant qu’il était livré à lui même il ne savait que faire.

Au bout d’un moment il décida de profiter de cet instant de liberté pour visiter le monde. C’est pourquoi il se mit à descendre la pente qu’il avait remarquée à sa droite. « Autant commencer par un mode facile de locomotion, se dit-il tout en observant attentivement le chemin qu’il allait emprunter : la roulade. »

 

    L’enfant tournait, retournait, toujours et encore, si bien qu’il commença à avoir le tourni. Il réalisa qu’il n’était pas habitué à se déplacer et que la nature vue d’en bas lui était totalement inconnue, étant donné qu’il avait toujours vécu accroché à une branche.

« Est-ce cela grandir : voir le monde différemment ? » Ce fut l’idée qui lui effleura l’esprit avant qu’un rondin ne stoppe sa course et permette au ciel de reprendre sa place d’observateur de l’humanité.

Epuisé, le gland s’adossa au bout de bois afin de se reposer; mais également parce que la fissure dans son dos le faisait souffrir. Il tenta bien de faire une sieste mais son esprit, en perpétuelle agitation, s’y refusa. Ses pensées sautaient de la discussion avec l’Araignée aux conseils prodigués par l’Abeille.

Durant une heure entière il se creusa la graine pour trouver un but; son but. Mais en vain. Son problème venait du fait qu’il ignorait le sens même du mot « but ». Lui, son « but » s’était de grandir mais il devait vraisemblablement trouver un « but » pour que son « but » se réalise. Pour ce petit gland s’était beaucoup trop compliqué.

A vrai dire, il avait également deux autres objectifs mais il les avait déjà éliminés pensant qu’ils ne correspondaient pas à la description faite par l’Abeille. Pour ça, il était lucide; il avait très vite compris que se plaindre et dormir toute la journée ne lui seraient pas d’une grande utilité pour grandir.

 

    Après une heure d’intense réflexion il abandonna pour se tourner vers le conseil de l’Araignée, bien plus simple à appliquer : attendre. Il ferma alors les yeux et s’installa dans une position confortable afin de passer le temps.

C’est ainsi que pour la première fois de sa vie il prit conscience de la caresse du vent sur sa coquille, des murmures des arbres à ses oreilles. Pour la première fois il réalisa que des êtres beaucoup plus petits que lui (eh oui !) existaient sur et sous la terre ferme. Pour la première fois enfin, il comprit que, même si l’Araignée ou l’Abeille n’étaient pas à ses côtés, il n’était pas seul, qu’il n’était ni un noyau ni le centre du monde mais une miette, une poussière dans un tout immense.

 

    Sa méditation fut soudain stoppée par un bruit étrange bien qu’il ne fut pas inconnu : le frottement d’une chose ou d’un être contre des feuilles. Ce n’était pas les imperceptibles paroles du vent; ça se rapprochait. Ce n’était pas le déplacement gracieux et fin d’une fourmi qui avance méthodiquement; c’était un son trop grossié.

Qu’est-es-ce ?

Intrigué et curieux il rompit la sérénité du lac de bien-être dans lequel il s’était plongé et ouvrit les yeux.

Le bruit cessa.

Devant lui se tenait une chenille d’un beau vert, quelques centimètres de long, soit la surface du gland dépliée en une ligne droite. Il avait sur la tête de courts poils qui lui donnaient une allure de Punk. L’insecte fixait l’enfant comme s’il n’avait jamais rencontré pareille être; ce qui, en y repensant, était fort probable, étant donné que peu de glands décident sur un coup de tête de sauter de leur arbre pour partir en quête d’aventure.

« Que-fais-tu? Demanda la chenille étonnée.

  • Je grandis, expliqua l’enfant comme si c’était une évidence. »

 

    Ils restèrent ainsi un moment, le gland à attendre; la chenille à observer. Finalement cette dernière fit remarquer :

« Cela fait parfaitement une demi-heure que je te fixe, et une chose est sûre : tu n’as pas pris un pouce.

  • Je sais…répondit l’enfant décu avant que l’adulte caché au fond de lui ne se ressaisisse et déclare, mais je grandis mentalement ! »

La chenille acquiesça, émerveillée devant une pensée si profonde, venant d’un petre aussi minuscule qu’un gland, que jamais il n’aurait cru capable de prononcer de telles paroles.

En vérité l’enfant n’avait pas du tout saisis le sens de la phrase qu’il venait de dire; il répétait simplement ce que sa mère avait déclaré avant son départ.

Peut-être est-ce cela grandir : reproduire les faits et gestes des aînés…

 

    L’insecte n’avait pas bougé, toujours immobile en face du gland. Néanmoins son regard s’était détourné pour se poser sur l’ange de la nature. De magnifiques ailes rayonnantes comme un arc-en-ciel, élevant leur élue sur un nuage de grâce et de beauté, une danse aérienne dont le charme et la sensualité auraient séduit n’importe quel homme . Enfin, deux antennes droites et grandioses, tendues telles les cordes d’un arc imaginaire dont la flèche serait pointé vers le coeur de ses admirateurs. Rien d’autre à dire…un archange.

 

    La chenille se retourna vers son nouvel ami et lui murmura dans une confidence :

«  N’est-elle pas exceptionnelle ? Je n’ai, de ma vie, jamais vu de papillon d’une telle splendeur. Tu sais, au début je ne savais pas ce qui m’arrivait, en fait c’est tellement simple : j’en suis fou amoureux. »

Mais le gland ne comprenait pas; n’ayant jamais éprouvé une quelconque affection pour qui que ce soit. Peut-être était-ce cela grandir : aimer quelqu’un d’autre que soi.

« Pourquoi ne vas-tu pas la voir alors ? Tu t’approches, tu lui dis la même chose qu’à moi et c’est bon…tu crois pas ? »

Cependant la chenille n’était pas du même avis :

«  Mais non ! Que crois-tu ? Qu’un ange tombé du ciel irait flirter avec une chose informe, un être gluant, rampant sur le sol, alors qu’elle… elle est… elle est fantastique ! Le fleuron de la création! Et puis elle, elle vole… Je ne la mérite pas, je ne suis qu’un monstre. »

De nouveau ses yeux se reportèrent sur sa princesse, il lui souriait d’un triste sourire. Un sourire résolut à aimer d’un amour unique…

 

    « Tu as raison. » L’insecte dévisagea son interlocuteur, ahuri. « C’est vrai; qui voudrait pour compagnon d’une être qui baisse les bras dès le premier obstacle, dont l’amour est si faible qu’il ne lui procure même pas la force d’aller de l’avant. Dans ce cas là oui : elle ne prêtera aucun intérêt à cet individu insignifiant. »

La chenille courba le dos, rentra la tête entre ses épaules, déjà prête à partir, pensant la partie perdue d’avance. Puis il se retourna, tiré du puits du désespoir par la voix du gland :

« Mais s’il y a une chose que j’ai appris de mon voyage c’est de reconnaître quand je suis dans le tort. Et là j’ai faux, et toi aussi. Si j’ai bien compris tu l’aimes à la folie, tu serais capable de décrocher la Lune si, comme elle, tu avais des ailes. »

La chenille se rapprocha de l’enfant et s’assit à ses côtés :

« Mais comment voler vers elle alors que je suis enchainé à cette terre ?

  • Fait comme moi : mue ! »

L’insecte le fixa les yeux grands ouverts : « Tu mues ?

  • Oui regarde »

Le gland se leva du rondin contre lequel il était adossé et lui désigna la fissure dans sa coquille : « Là ». La chenille observa, septique sur la véracité des paroles : un gland ne mue pas. Néanmoins il ne chercha pas à contredire l’affirmation, trop occupé par son problème, et poursuivit : « Seulement c’est dangereux. Tu n’imagines sûrement pas tous les prédateurs qui guettent la transformation de la chenille en cocon. La mouche par exemple ! Elle profite de notre vulnérabilité pour pondre ses oeufs, qui, pour se développer, dévorent notre chair petit à petit. Non, tu n’imagines pas du tout… »

 

    C’est vrai, le gland n’avait aucune idée du danger de muer. En réalité il ne comprenait pas vraiment ce qui ce passait. Il ignorait la raison de la peur de son ami, bien qu’il lui en ai expliqué la cause, et il ne ne percevait même pas le sens exact de ses propres paroles qu’il trouvait beaucoup trop réfléchies.

De plus cela l’étonnait fortement qu’il prête autant d’attention à une chenille en détresse. Auparavant jamais il n’aurait cherché à élucider ses problèmes, il s’en serait moqué, comme du reste. Alors pourquoi ? Pourquoi aujourd’hui s’était-il mis en tête d’aider cet individu qu’il connaissait à peine ? Dans quel but ?

 

    Après le discours de l’insecte, le gland rétorqua : « Ta peur serait-elle plus grande que ton amour ? »

La chenille le regarda, interloqué. Pas une fois il n’avait pensé observer la question sous cet angle. Le gland poursuivit aussitôt : « Je t’aiderai ne t’inquiète pas. Je veillerai à ce que rien de fâcheux ne t’arrive. »

L’insecte plongea alors son regard dans ses yeux : « Tu en es sûr ?

  • Je te promets que je ferai tout pour te protéger. »

 

    C’est ainsi que nos deux compagnons se levèrent et partirent ensemble en direction du plus proche arbre où la chenille pourrait tisser son cocon.

A peine s’étaient-ils mis en route que l’insecte déclara : « Tu as raison : je l’aime à en mourir. »

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16th juillet 2008

Solitude

Salut !

La remise des prix s’est bien passée. Je crevais de chaud mais ça en valait la peine : 6 prix.

J’ai eu les résultats du brevet le soir même : mention très bien avec environ 17,6.

Sinon, je suis en ce moment même en Bretagne ! C’est super, il fait beau ! J’ai néanmoins réussi à vous écrire un poème en accrostiche (un mot est lisible en verticale) après un petit coup de solitude (eh oui ça arrive même en vacances). Un de mes écrits portant  déjà ce nom mais bon…

Enfin, j’espère que ce poème vous plaira,

Bye et bonne lecture.

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Solitude

Soudain surgit le vent, enfant de la colère,

Oublié de la création. Contre les hauts récifs,

La vague de sa rage éclate sur la pierre.

Invisibles crocs d’or d’un chien si agressif,

Tailladant le vide de ses larmes tranchantes.

Un instant il rêve d’être embrassé un jour,

Déambule dans un monde où son désir le hante,

Epuisé de vivre sans le moindre "bonjour".

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1st juillet 2008

La Chaise.

Salut !

Vive les vacances ! L’adolescence…(et la fin du brevet !)

Tout s’est bien passé, les résultats seront dans une semaine et surtout la remise des prix vendredi !

Dans les derniers cours, en anglais, la prof nous avait montré "La Ligne Verte"…voici le résultat…

Ce poème, je n’en ai pas eu l’idée après avoir vu le film, mais en regardant une chaise après une partie de rami…comme quoi les idées viennent n’importe comment lol.

Bonne lecture et n’hésitez pas à commenter.

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La Chaise.

 

C’était une chaise bien droite, sans motif,

Sauf de profonds sillons aux accoudoirs chétifs.

Elle avait une coiffe qui suscitait la crainte

Et laissait échapper chaque fois une plainte.

 

Trône et reine à la fois, tel était son devoir,

Parfois injustement, d’appliquer le pouvoir.

Pourtant la balance remporta la bataille

Face à la monarque qui n’était plus de taille.

 

Dans notre mémoire survit son souvenir,

Et dans un dépotoir siège son avenir.

Le soir elle brille d’une lueur atypique,

Comme parcourue d’un courant électrique.

 

Elle sera découpée en de nombreux morceaux

Et chaque éclat de bois arborera son sceau.

Dans l’âtre, la souffrance, à la vie remonte

Et consumme nos coeurs, à petit feu, de honte.

 

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19th juin 2008

Le gland qui voulait devenir grand ! (3°partie)

Salut !

Dans une semaine les vacances !…mais aussi le brevet. Je suis donc en pleine révision. Non que j’ai peur de ne pas l’avoir mais plutôt car je veux obtenir la mention très bien.
Néanmoins j’ai eu le temps de vous écrire la suite du conte. Si vous ne vous en souvenez plus très bien je vous conseille de relire la deuxième partie :)

Bye et bonne lecture :)

  1. 1ere partie
  2. 2nd partie
  3. 3eme partie
  4. 4eme partie
  5. 5eme partie
  6. 6eme partie

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Le gland qui voulait devenir grand !

 

    Et il crut bien qu’il allait périr, ce pauvre petit gland adepte de la voltige, qui pensait déjà sauter dans l’autre monde. Sa vitesse croissait en même temps que sa peur. Avoir la chance de tomber sur la toile d’une araignée littéraire n’arrivait pas deux fois et il se demandait si cette fois-çi sa rencontre n’allait pas être mortelle. Il était tellement pris par ses pensées qu’il vint à en oublier le présent, croyant qu’on parlerait bientôt de lui au passé. C’est pourquoi il fut surpris.

La collision survint brutalement. Une dizaine d’éclairs stria la nuit noire. Du jaune au milieu du noir et du noir au milieu du jaune. Ce fut tout d’abord la première chose qu’il vit et qu’il comprit : les lumières d’un carrembolage aérien que les phares d’un automobiliste des cieux projetaient sur la scène de l’accident. Le temps que leur cerveau analyse la situation suffit pour que d’étrange vrombissements emplissent l’air.

Puis tout se calma.

Le ciel redevint bleu, bien qu’il tourna encore, et le chant de la nature reprit le dessus.

 

    Il sembla que rien ne s’était passé tellement le monde s’inquiétait si peu du sort de ces deux fous, allongés chacun sur un lit de pétales de fleurs qu’ils avaient emportées dans leur chute.

Lentement le gland reprit ses esprits, cherchant des repères. Il était enfin atterri sur le sol et cela le rassurait. A sa droite, un chemin bordé de pierres dont l’inclinaison n’était pas vraiment dangereuse. Devant lui une tige de fleur, un building dont il avait détruit le toit par erreur.

A sa gauche…

« Mais c’est pas possible ça ! On a plus le droit de bosser en paix sans qu’un déluré nous rentre dedans maintenant. Tu sors d’où p’tit ? On t’a pas appris qu’il fallait regarder à droite et à gauche avant de traverser ! Pff, j’aurai jamais du choisir un boulot sur la voie publique. »

…une abeille pas très commode. Des yeux immenses qui fusillaient l’enfant, des antennes pointées sur lui tel un doigt qui le menacerait, et surtout : un dard.

Effrayé, le gland tenta de se faire tout petit (si on peut se faire plus petit), trouvant pour la première fois un intérêt à sa minuscule taille.

« T’aurais pu nous tuer ! Tu réalises un peu? Tu t’en moques peut-être, toi, comment tu vas crever; mais moi non ! Imagine que je sois mort, là. Fini mon rêve, jamais je n’aurais pu donner ma vie pour ma patrie ! Eh oh ? Tu m’entends ? »

 

    Le gland, ignorant quand finirait son monologue, s’était levé. Mais à peine eut-il fait deux pas qu’une douleur le poignarda. L’abeille se serait-elle vengée ?

Il n’eut pas le temps d’élucider cette question. Vacillant, il se mit à rouler quelques centimètres avant que la tige de la fleur ne l’arrête.

La douleur avait été telle qu’il craignait désormais de se relever.

« P’tit, ça va ? Qu’est ce qui te prend ? T’as une passion des auto tamponneuses pour te cogner autant ? »

Lorsque l’abeille avait vu l’enfant dégringoler elle était sortie de sa crise et s’était approchée, inquiète.

« Je suis désolé, je ne voulais pas vous déranger. Je suis tombé sans pouvoir me contrôler. S’il vous plaît ne me faîtes pas de mal, supplia le gland, au bord des larmes.

  • Bien sur que non mon p’tit. Faut pas t’inquiéter. Je m’emporte vite tu sais mais je ne fais du mal qu’aux mouches…Dis t’es fêlé ma parole! »

Le gland se retourna avec précaution pour lui faire face et répondit d’un air confus:

« Je sais. Je suis fou de sauter d’un arbre, mais ma mère m’a expulsé. Elle devait penser que je grandirait plus vite sur le sol qu’ accroché à une branche et elle avait surement…

  • Mais non ! Je voulais pas dire ça, bien que tu le sois également. C’est de ta cupule dont je parle : elle est fissurée. »

Le gland leva vers son interlocuteur un visage rayonnant et s’enthousiasma :

« Est-ce que c’est comme pour les serpents ? Serai-je en train de muer ? Si je perds ma cupule, cela veut-il dire que je grandis ! »

L’enfant aurait volontiers sauter de joie mais il craignait que la douleur ne ressurgisse. Cependant, devant le regard septique de l’abeille, il commença à hésiter: « Je me trompe ?

  • C’est à dire que je n’ai jamais vu de gland muer…annonça l’insecte, gêné. Il enchaina alors, espérant changer de conversation :
  • Dis moi, pourquoi tiens-tu tellement à grandir ?
  • Pour devenir grand ! S’exclama l’enfant.
  • D’accord…mais encore ? Demanda de nouveau l’abeille, perplexe. »

Le gland réfléchit un moment, les sourcils froncés, comme si on venait de lui demander pourquoi l’Univers existait, avant de répondre, déconfit : « Je ne sais pas. »

L’abeille, un peu choquée, le regard sérieux, lui expliqua : « Devenir grand, c’est irréparable. P’tit, écoute moi, faut pas que tu prennes cette décision sur un coup de tête, tu pourrais le regretter. Tu entres dans le monde des adultes avec deux valises : des connaissances et un but. Et bien sur, comme cadeau de bienvenue, comme si c’était pas suffiant, on te donne des obligations. Si tu veux grandir, je respecte ton choix, mais tu ne pourras jamais y arriver sans objectif. »

L’enfant écoutait; il ne manquait pas un mot : il remplissait sa première valise.

 

    « Comment le trouve-t-on, ce but ? » Questionna l’enfant.

L’abeille plia une antenne, se gratta le menton, dubitatif :

« Ah ça…c’est pas facile. Certains ne le trouvent jamais, ils restent éternellement jeunes. D’autres, au contraire, semblent l’avoir toujours connu. C’est un peu mon cas. Quand j’étais bébé et que je vivais dans une alvéole, tout le monde s’occupait de moi. C’est pourquoi j’ai décidé que plus tard je ne m’intéresserais pas que de ma petite personne. Je me suis alors fixé pour objectif de servir ma patrie aussi longtemps et loyalement que je le pourrai.

De nombreuses abeilles ont donné leur vie pour que je vois le jour : je veux en faire autant pour elles. »

Le gland acquiesça mais il ne comprenait pas. Il ne savait pas ce qu’était qu’être patriote, il ne connaissait pas ce merveilleux sentiment de s’envoler après avoir aider quelqu’un. Il savait juste qu’il voulait devenir grand.

L’abeille lui sourit : « Tu comprendras un jour. »

Il fit alors une pause, leva la tête vers le ciel : « C’est pour ça que chaque matin je déploie mes ailes. Pour que cette sensation de bonheur me porte encore plus haut. »

Il remarqua alors que le soleil avait bien progresser dans sa course :

«  Mince ! Il est déjà tard ! Je suis désolé, il faut que je rentre. On compte sur moi pour nourrir les petites larves. »

L’abeille s’éleva donc rapidement, salua le gland et s’écria : «  Adieu ! »

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